Posté le 15.10.2022
Couronné aux Oscars pour Birdman et The Revenant, le cinéaste Alejandro González Iñárritu, est de retour dans son pays, le Mexique, où il a tourné son dernier film Bardo, fausse chronique de quelques vérités.
Bardo est un mot tibétain qui fait référence au concept bouddhiste d'un état transitoire flottant entre la mort et la renaissance. Il signale la forte dimension onirique de cette œuvre libre et foisonnante dans laquelle Iñarritu, de retour à Mexico plus de vingt ans après Amours chiennes, qui l’a révélé, a placé beaucoup d'éléments autobiographiques. Iñarritu fait partie des cinéastes mexicains ayant « conquis » Hollywood et Bardo tisse des liens avec Roma d’Alfonso Cuarón : même retour au pays natal, même dimension élégiaque, etc.
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Néanmoins, à un récit structuré, Iñarritu préfère une sorte de « courant de conscience » s’inscrivant dans la lignée d’un cinéma réflexif dont le modèle reste 8½ de Fellini : sur le mode tragi-comique, un créateur s’interroge sur son parcours, son inspiration défaillante, voire sa légitimité.
Ce qui le rapproche de Fellini, c'est l'ampleur de sa vision (et des moyens qui lui sont alloués), à l'image de la séquence évoquant la guerre entre les États-Unis et le Mexique au milieu du XIXe siècle. Le tournage a eu lieu en pellicule 65mm, les lumières réglées par le grand chef opérateur Darius Khondji. « Il s'agit d'un cinéma profondément personnel, immersif, qui témoigne d'un grand questionnement sur l'identité culturelle individuelle et nationale, sur l’entêtante mortalité, sur le prix du succès, sur le cœur déchiré de l'expatrié de retour au pays, sur la porosité du temps et sur le séduisant labyrinthe de la mémoire. Le plus révélateur est peut-être le sentiment de vivre et de travailler dans un pays qui a fait preuve d'une arrogance impérialiste si froide envers le sien. » (David Rooney, The Hollywood reporter, 1er septembre 2022)
Aurélien Ferenczi
La séance du week-end :
Bardo, fausse chronique de quelques vérités de Alejandro González Iñárritu (Bardo, falsa crónica de unas cuantas verdades, 2022, 3h)
> INSTITUT LUMIÈRE
Dimanche 16 octobre, 20h30