PUBLIÉ LE 19.10.2022
Louis Malle est toujours resté un cinéaste étranger aux États-Unis, ce qui lui permet de dresser dans Atlantic City un portrait distancié d’une Amérique en pleine hybridation des années 80.
Un monde nouveau remplace peu à peu l’ancien. Que faire alors des fantômes du passé, ces américains vieillissants qui sont quand même vivants ? Leur permettre sans doute de tenter une dernière aventure. Atlantic City est cette dernière aventure et le dernier grand rôle de Burt Lancaster. On retrouve avec émotion la gestuelle alerte de ses mains pleinement ouvertes, le sourire toujours claquant et la politesse exquise, y compris vestimentaire, de l’acteur.
Atlantic City, 1980 © DR
Burt Lancaster embrasse avec passion le personnage de Lou, gangster retiré des affaires. Face à lui, Malle filme comme toujours la grâce féminine, celle de Susan Sarandon. Avec intelligence, le cinéaste français croise deux mondes, qui ne sont finalement distincts qu’en apparence. Car peu à peu le même sens pragmatique, la même quête d’argent en rêve dérisoire, prennent le pas sur le sentiment. Et le génie de Malle est alors de narrer tout cela sans aucun cynisme et de faire de l’immaturité générale des personnages un moteur empreint de la plus belle des gentillesses. Il faut que tout change pour que rien ne change, disait Lancaster dans Le Guépard. Atlantic City ne dit rien d’autre.
Virginie Apiou
Séances :
Atlantic City de Louis Malle (1980, 1h45)
Comoedia ma 18 10h45 | Pathé Bellecour me 19 11h15