Ça se passe

à Lumière


Posté le 19.10.2022


 

Gian Luca Farinelli, directeur de Cinémathèque de Bologne, « grand témoin » du Marché International du Film Classique

« Au fond, j'adore la pandémie ! Je suis pour la contagion, et en particulier celle du cinéma, qui est un art hautement contagieux ! Pendant la pandémie, nous avons créé notre petite plateforme en  gardant l'idée d'un ciné-club avec une vingtaine de films proposés chaque mois. Notre tentative est celle qui a le mieux marché d'Italie : les deux-tiers de nos spectateurs ne venaient pas de Bologne. Nous avons depuis stoppé l’initiative car penser sérieusement la programmation d'une plateforme nécessite du temps et de l'argent. Et la bataille à ne pas perdre, c'est principalement celle des salles. Il s'agit d'une bataille sans fin. La question est : comment parler aux différents publics ? Comment faire en sorte qu'aller au cinéma soit aussi important qu'aller à la messe, en tout cas en Italie ? Il nous faut trouver le bon horaire pour chaque public et penser des lieux qui donnent envie qu'on se les approprie. Bref, il ne faut pas oublier que nous travaillons avant-tout pour des êtres humains ! »

 

 

 


Philippe Le Guay, cinéaste, présentant Histoires extraordinaires de Roger Vadim, Louis Malle, Federico Fellini

« Histoires extraordinaires, est l’adaptation de trois nouvelles d’Edgar Allan Poe. Le premier film montre Roger Vadim et Jane Fonda, le couple mythique du moment. Le second, William Wilson, est signé Louis Malle, avec Brigitte Bardot et Alain Delon dans un double rôle. Il est intéressant de voir que la filmographie d’Alain Delon recèle beaucoup d’histoires de doubles : Monsieur Klein ou La Piscine et Plein soleil, où figurait toujours une sorte d’alter ego mimétique. Le troisième est un chef-d’œuvre de Fellini, où Terence Stamp joue une sorte de cow-boy junkie entre science fiction et mythologie. Pour une place de cinéma, vous voyez trois films ! »


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© Léa Rener

 

 


 Joël Chapron, spécialiste du cinéma d'Europe de l’Est, présentant 5h40, d’André de Toth.

«André De Toth a beaucoup affabulé sur sa vie. On ne sait d'ailleurs pas s'il est né en 1900, 1912 ou 1913. Il vient d'une famille d'intellectuels. Il s'appelait Endre von Toth. Alors qu'il fait des études de droit, il rencontre Ferenc Molnar, un écrivain célèbre, au café de New York, le rendez-vous des intellectuels à Budapest dans les années 30. Molnar le fait entrer dans un studio de cinéma où De Toth fait tous les métiers. Il gagne bien sa vie, ce qui tombe bien car il dépense beaucoup entre sa passion pour le polo et les chevaux, et ses 7 mariages et 19 enfants. En 1939 il réalise Les Noces de Toprin en 8 jours. C'est un succès, il fait en tout 5 films hongrois, dont certains abordent des sujets inhabituels dans la Hongrie d'extrême droite de l'époque, comme le féminisme. Quand il croise Goebbels dans les studios, il refuse d'y travailler désormais, il ne termine pas la post synchro de son film en cours, prend sa voiture, jette les clés dans la rivière après s'être garé, et prend le premier train pour l'ouest puis le dernier bateau pour l'Amérique où il entame une carrière de cinéaste aussi prolifique que talentueuse.»


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© Sabine Perrin / JL Mège Photography

 

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