Condenados a vivir

Une tranche de “chorizo western” ?  


PUBLIÉ LE 19.10.2022


 

Condenados a vivir, western de série B sorti en 1972 en France sous le titre lunaire Peu de secondes pour dire Amen, est un de ces nombreux films de cow boys européens que Quentin Tarantino a contribué à faire découvrir au fil de sa carrière.

Les Huit salopards (2016) s’en inspire très librement en mettant en scène lui aussi la cohabitation impossible entre chasseurs de prime, bandits et confédérés dans une auberge au milieu des montagnes.

Tourné non pas à Almeria mais dans la région montagneuse de Huesca au cœur de l’Aragon - redécouverte par la production de Game of Thrones - le film est signé Joaquin Romero Marchent (1921-2012) dont ce fut la dernière contribution au genre qu’il avait contribué à populariser, dès 1955, avec la création de son bandit masqué El Coyote, sorte d’avatar de Zorro.


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Condenados a vivir, 1972 © DR
 

En 1964 il grillait même la politesse à Sergio Leone de quelques mois en signant le premier western européen, El sabor de la venganza (Les Trois Implacables). Restauré par la Filmoteca Española, Condenados a vivir est saisissant de cruauté. Autant film de survie que western, on n’est pas loin du gore, avec même une incursion propre au fantastique lorsque l’un des personnages qu’on croyait mort réapparaît au milieu des flammes…

Le film frappe aussi par son nihilisme et sa noirceur dont ne réchappe, peut-être et il faut le dire vite, que l’unique personnage féminin, joué par Emma Cohen, disparue en 2016, dernière épouse de Fernando Fernan Gomez à qui Lumière a rendu hommage l’an dernier.

La très grande connaissance de Tarantino du cinéma de Romero Marchent va au-delà de ce qu’on imagine, puisque par deux fois il a également mis à l’honneur le travail de son frère Rafael (1926-2020). Dans Il était une fois… à Hollywood on cite en effet Garringo (1969) tandis que dans Boulevard de la mort on aperçoit l’affiche de El limite del amor (1976). Non, pas un western cette fois, mais un drame érotique que ne renierait sans doute pas… Pedro Almodovar. Dans une interview accordée à El Pais en 1999, Joaquin Romero assurait ne s’être jamais senti sous-estimé en Espagne comme cinéaste. “J’ai très bien gagné ma vie. Et en Italie mes films ont cartonné”.


Carlos Gomez

 

 

 


Séances :

 

Condenados a vivir de Joaquín Romero Marchent (1972, 1h27)

 

mer 19 21h30 - Institut Lumière

 

En présence de Josetxo Cerdán Los Arcos (Filmoteca Espanola)

 

sam 22 21h30 - Lumière Terreaux

 

En présence d'Eric Métayer

 

 

 

 

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