Coup de projecteur

Le Passager de la pluie de René Clément


Posté le 21.10.2022


 


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Le Passager de la pluie, 1970 © DR

« Il fallait que le puits fût très profond ou que sa chute fût très lente, car elle eut tout le temps de regarder autour d’elle et de s’inquiéter de ce qui allait lui arriver ». Cet exergue tiré d’Alice au pays des merveilles (Lewis Carroll), symbolise l’histoire du Passager de la pluie de René Clément. Ce polar zébré de sentiment amoureux, servi par une B.O. de Francis Lai à vous arracher le coeur, s’inscrit dans la fin de carrière de Clément, splendide de mélancolie. L’héroïne jouée par Marlène Jobert en mode petite souris rousse, et justement prénommée Mélancolie, reproche « son sale sourire de chat » au personnage incarné par Charles Bronson, qui lui conseille de son côté de laisser pousser ses ongles.

Scénarisé par Sébastien Japrisot qui voyait dans les femmes une vulnérabilité fracassée, Le Passager de la pluie est un voyage immobile au cœur d’une petite station balnéaire hors saison. Rien de ce qui s’y trouve n’est exact. Rien de ce qui est visible n’est la réalité. Au cœur de ce monde déréglé par le meurtre et les trafics, Clément qui aime tant les doubles-fonds, les maisons aux sous-sols secrets, se consacre avant tout à la délicatesse de ressenti de ses deux héros. Ce qui le hante, ce sont les espoirs déçus, les trahisons subies, et peu à peu, intensément, la naissance de l’amour. La violence du thriller provoque des situations tendues qui renforcent toujours davantage le lien entre une héroïne enfin regardée, et un homme assuré qui se laisse pourtant surprendre. Chacun trimballe une innocence poignante qui les rend inoubliables.

 

 

Virginie Apiou

 


Séances :

Le Passager de la pluie de René Clément (1970, 2h)

 Institut Lumière ve 21 10h30 | Cinéma Opéra sa 22 16h15

 



 

 

 

Catégories : Lecture Zen