Documentaire

De Monica à Anita


Posté le 22.10.2022


 

Anita Ekberg en avait assez des paparazzis.

 

Un soir alors qu’elle rentrait dans sa villa des environs de Rome, elle les accueillit même avec un arc et des flèches, blessant un photographe au poignet. Les documents d’archives du documentaire d’Antongiulio Panizzi rendent justice à la star de La dolce vita et à son parcours extravagant. Aspirée par Hollywood après son triomphe au concours de Miss Suède, Anita Ekberg (1931-2015) est d’abord considérée pour sa plastique avantageuse : elle est une starlette en devenir à qui le cinéma américain n’offre que des bribes de personnages secondaires, comme dans ce film improbable (L’Allée sanglante, de William Wellman) où son interprétation d’une mère courage chinoise lui vaut un inattendu Golden Globe du meilleur espoir féminin.


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Monica Bellucci dans The Girl in the Foutain

 

Quand Hollywood prend ses quartiers à Rome, où les coproductions sont avantageuses en termes financiers, Anita Ekberg suit le mouvement et s’épanouit dans la dolce vita locale, à défaut de trouver les rôles de sa vie. Federico Fellini, qui l’engage pour la Palme d’or 1960 et sa scène légendaire de la Fontaine de Trevi, augmente sa notoriété mais la fige à jamais en diva sculpturale, incapable de jouer un autre personnage qu’elle-même. Et la presse people d’un pays encore dominé par la religion, où la sensualité de l’actrice suédoise affole la population masculine, s’en donne à cœur joie, suivant de trop près les péripéties de deux mariages successifs ratés, l’un avec un alcoolique, l’autre avec un homme qui lui vole ses biens.

Le dispositif singulier imaginé par le réalisateur Antongiulio Panizzi confronte diva d’hier et diva d’aujourd’hui : il imagine le (faux) projet d’un film où Monica Bellucci jouerait Anita Ekberg. Le regard de la femme d’aujourd’hui est précieux pour comprendre le parcours de celle d’hier, et l’immense malentendu qui l’entoura. Car au gré des interviews d’Ekberg apparaît le portrait d’une femme qui chercha toujours sa liberté, malgré les préjugés, malgré les raccourcis. C’est bien un hommage tardif que Monica Bellucci, d’une lucidité exemplaire, offre à celle qui trempa un jour ses pieds dans l’une des plus belles fontaines de Rome et en resta prisonnière…

 

 

Aurélien Ferenczi

 


Séance :
The Girl in the Fountain d’Antongiulio Panizzi (2021, 1h20)
Pathé Bellecour sa 22 17h



 

 

 

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