JLG tout entier

 


Posté le 19.10.2022


 

Achevé avant la disparition récente du cinéaste, ce précieux documentaire retrace avec avancions le parcours de Jean-Luc Godard.

 

Godard vous a perdu parfois ? Alors, ce documentaire est fait pour vous. C’est un voyage en Godardie complet, précis, jamais abscons. Son réalisateur, Cyril Leuthy, a découpé l’œuvre du maître en plusieurs chapitres – comme un peintre a ses périodes – et il a cherché un traitement esthétique correspondant à chaque époque : des interviews dans des cafés pour évoquer la période pop des années 60, du rouge pétant pour les illusions maoïstes, etc. Cette grande variété visuelle, au service d’une approche chronologique très documentée, maintient sans cesse l’intérêt du spectateur.

Les archives sont saisissantes, à l’image de cet extrait d’un court-métrage de Jacques Rivette récemment retrouvé où l’on voit Jean-Luc Godard tout jeune. Et les témoignages sont passionnants : ils viennent à la fois des commentateurs de l’œuvre de Godard (Thierry Jousse, Alain Bergala, Antoine de Baecque, etc.) mais aussi de ceux qui ont travaillé avec lui, de Marina Vlady (qui décrit Godard comme « l’épouseur du genre humain » !) à Nathalie Baye, très touchante, via Romain Goupil (que l’on voit adolescent dézinguer La Chinoise).


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© Anne Wiazemsky


Autre bonne idée, demander à la comédienne Céleste Brunnquell de lire les textes d’Anne Wiazemski qui décrit avec franchise les contradictions de Godard à la fin des années 60 et se montre très critique sur l’influence de Jean-Pierre Gorin à l’époque du groupe Dziga Vertov. Est-ce la première fois que cette époque est clairement montrée comme un échec, une impasse ? À l’image des souvenirs savoureux et féroces de Daniel Cohn-Bendit.

Au fur et à mesure que récit avance dans la vie de Jean-Luc Godard se dessine le portrait intime d’un homme solitaire (malgré l’irruption dans sa vie d’Anne-Marie Miéville, qu’on est content d’apercevoir dans quelques archives), un expérimentateur en constante ébullition, toujours à l’affût de nouvelles techniques (un très bon passage sur la période Sonimage à Grenoble), quelqu’un qui déplore son rapport compliqué au monde. Une très belle archive montre ainsi que le cinéma et pour lui le seul moyen de questionner l’autre. On comprend mieux le titre de ce documentaire : Godard seul le cinéma.  Seul malgré le cinéma, seul avec le cinéma.

 

 

A.F.

 


Séance :

Godard seul le cinéma de Cyril Leuthy (2022, 1h30, VFSTA)

Pathé Bellecour me 19 14h45

 





 

 

 

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