Posté le 17.10.2022
Chaque jour un cinéaste méconnu et un film à redécouvrir : rendre justice aux oubliés de l’histoire du cinéma, c’est aussi le rôle du festival Lumière.
Qui est-ce ?
L’homme d’un seul film. Et encore… Officiellement, John Parker (1925-1981), fils d’un propriétaire de salles de cinéma de l’Oregon, qui utilise l’argent de sa mère pour tourner en six jours ce film ovni et muet, partiellement improvisé, qui ne ressemble à aucun autre. Mais l’acteur de second rôle Bruno VeSota, qui dans le film a des faux airs d’Orson Welles, répandit le bruit qu’il avait lui-même réalisé l’essentiel du film. Qui croire ? John Parker n’a jamais rien tourné d’autre.
Dementia, 1955
Son film au festival Lumière :
D’une durée inhabituelle (moins d’une heure), Dementia est un trip onirique et (vaguement) horrifique qui suit la dérive nocturne d’une femme dans les rues de Los Angeles. Surchargé de symboles freudiens – l’héroïne revit la mort de son père dans un cimetière qu’on croirait sorti d’un film d’Ed Wood – le récit délivre un malaise permanent, qu’il est licite de relire aujourd’hui à la lumière de la lutte contre les violences faites aux femmes. Un cauchemar proto-féministe ? Presque.
Pourquoi le découvrir ?
Après une courte exploitation, Dementia a connu un succès underground plus de vingt ans après son tournage grâce à la mode des séances de minuit. Outre son invention visuelle, qui mélange brillamment les influences (expressionnisme muet, film noir réaliste, cinéma d’Orson Welles), le film montre à quel point le cinéma « d’exploitation » (la série Z à pures fins mercantiles) est proche de l’avant-garde. C’est la leçon de cette œuvre étrange qui, dit-on, influença David Lynch. Merci, John Parker.
A. F .
Séances :
Dementia de John Parker (1955, 56min)
Institut Lumière lu17 22h30 | UGC Confluence sa22 16h15