PUBLIÉ LE 18.10.2022
Un homme qui a fait six ans de service militaire à la suite d’une mauvaise blague croit pouvoir se venger des années plus tard.
La Plaisanterie du tchèque Jaromil Jireš est une adaptation du roman du même nom de Milan Kundera. Réalisé en 1968, ce film est autant une farce absurde qu’un poème ironique. La douceur de la voix off, juste ce qu’il faut de désabusée, joue à merveille avec la déambulation du héros qui n’attend rien en apparence, mais n’est pas pour autant dépressif. Au contraire, il surjoue le héros soviétique, se lave avec une vaillance qu’il sait ridicule, écoute les discours officiels autour de l’optimisme sagement assis parmi les autres.
La Plaisanterie, 1968 © DR
Mais son regard épouse évidemment celui du cinéaste et de Kundera sur la société de son pays, hybridée entre les processions communistes de bébés, présentés par des jeunes mamans comme les futures forces vives de la nation, et les morceaux de musique traditionnelle rappelant un folklore ancien tenace. Une mélancolie masculine teintée de cruauté vient envelopper alors les personnages comme un résultat intime de la vie dans un système où tous sont surveillés. Et tout à coup, l’humour et son second degré font une halte provisoire, pour laisser le spectateur réfléchir à ces engagés dont on rase la tête comme une cérémonie triste sur un chant a capella. Fluide, profond et divertissant car inattendu, La Plaisanterie est à découvrir absolument.
Virginie Apiou
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La Plaisanterie de Jaromil Jireš (Žert, 1968, 1h21)(1955, 2h06)
UGC Confluence ma 18 14h30