PUBLIÉ LE 16.10.2022
« Voyez-vous, il y a souvent un préjugé contre l’argent ! » est une réplique clé de La Rupture de Claude Chabrol. Réalisé en 1970, ce drame de la manipulation fait partie de la splendide décennie du cinéaste qui compte aussi Le Boucher, Que la bête meure ou La Femme infidèle.
Dès le départ, la musique concrète, abstraite, de Pierre Jansen (musicien attitré de Chabrol), pose le ton de cette histoire fabuleusement délétère dont l’argent est la sève empoisonnée. Une femme lutte contre son beau-père richissime afin d’avoir la garde de son enfant. Prêt à tout, le beau-père (incarné par un Michel Bouquet à la voix plus que jamais coupante) fait intervenir un petit aventurier sans scrupule (Jean-Pierre Cassel à la voix de canaille doucereuse), pour corrompre la jeune femme.
La Rupture, 1970
Chabrol filme avec soin le piège qui se tisse autour de son héroïne (jouée par Stéphane Audran) et en profite pour dresser des portraits humains très variés. Au visage merveilleux de bonté et de compréhension d’un jeune avocat se substituent celui toujours faux de la crapule manipulatrice et bien sûr celui souvent supplicié de la jeune mère. La réalisation de Chabrol les fait évoluer tous ensemble dans une sorte de ballet macabre, et un moment de grâce surgit : la confession de l’héroïne, qui dans une séquence de six minutes dans un tramway, livre tout ce que sa vie a été jusqu’alors avec une sincérité et un abandon impressionnants.
Virginie Apiou
À découvrir parmi les films français du label Lumière Classics
La Rupture de Claude Chabrol (1955, 2h06)
Pathé Bellecour ve21 19h45