de Carl Theodor Dreyer

PUBLIÉ LE 16.10.2022

Filmé comme une série d’images pieuses, voire sacrées, Ordet est un grand drame sur l’idée la plus dure à filmer puisqu’invisible : la foi.

Grand classique, Lion d’or au festival de Venise 1955, cette œuvre se développe avec une simplicité très délicate à mettre au point. Peu de décors, pour ne pas distraire l’œil de l’essentiel de ce qui se joue, à savoir les sentiments qui traversent les visages. Ordet s’accroche principalement aux corps. Dreyer est un véritable génie et positionne ses comédiens comme des éléments signifiants, à interpréter en permanence. Assis accablés, debout extatiques face au ciel, presque à genoux suppliant en silence, les personnages sont de véritables rébus que le spectateur doit s’amuser à résoudre.

Ordet, 1955

De façon très humble, Dreyer pose sa caméra face à ses personnages et les laisse agir et surtout réagir. Tous en proie à une croyance religieuse qui les mène davantage du côté de la superstition que de la vraie foi, ils sont amenés à remettre en question la société, en l’occurrence danoise, qu’ils voudraient fidèle à des valeurs infaillibles. Sans les disgracier, Ordet emprunte le mode ludique du conte grave pour pulvériser impitoyablement cette ordonnance puritaine, au profit d’un imaginaire beaucoup plus vaste et remarquable qui va vers la joie.

Virginie Apiou

À découvrir parmi les films français du label Lumière Classics

Ordet de Carl Theodor Dreyer (1955, 2h06)

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