Posté le 18.10.2022
De la naissance de sa vocation de comédienne à son passage derrière la caméra, l’actrice-réalisatrice Nicole Garcia est revenue sur son parcours lors de la Master Class tenue ce lundi au Pathé Bellecour. Une rencontre émouvante, drôle et sincère, à son image.
Son premier souvenir de cinéma
Dans les cours de catéchisme que je suivais enfant à Oran, on nous a montré Marcelino pan y vino de Ladislao Vajda. C’est le premier film que j’ai vu. Je me souviens particulièrement de la scène où le petit orphelin s’adresse à Jésus et où l’on voit la main du Christ se tendre vers l’enfant. Cette image m’a marquée : j’attendais qu’un bras vienne me chercher.
Sa vocation d’actrice
Lorsque j’étais en classe de quatrième, j’ai récité le poème « La Ballade des pendus » de François Villon. Ma professeure de français, Monique Rivet, m’a dit que c’était formidable. Je me souviens m’être dit que je voulais être actrice. Je suis allée à son bureau une fois pour lui demander comment entrer au Conservatoire. Je crois qu’elle a eu un peu peur et m’a dit : « c’est très difficile ». Quelques années plus tard, lorsque j’ai vu mon nom sur la liste des élèves reçus au Conservatoire, c’est à elle que j’ai pensé. Comme si tout était lié.
Du théâtre au cinéma
Le théâtre est ma première passion. J’étais étonnée que des grands cinéastes comme Jacques Rivette viennent me voir sur scène. Le scénariste Jean Gruault, est venu plusieurs fois au théâtre et a parlé de moi à Alain Resnais. Lorsque Resnais m’a appelé pour me proposer de jouer dans Mon oncle d’Amérique, j’ai cru à une blague ! C’est un réalisateur que j’aimais, j’avais vu cinq fois son précédent film Providence.
© Loic Benoit
Le passage derrière la caméra
Pendant le tournage avec Alain Resnais, je crois que je pensais déjà à la mise en scène. Je le regardais réaliser et je trouvais cela extraordinaire, j’étais aimantée par lui. Si j’avais été sa muse, peut-être que je n’aurais pas réalisé (rires) ! J’ai eu envie d’entrer dans un territoire neuf pour moi, c’était une autre porte que je voulais ouvrir, une autre manière de regarder les choses. C’est aussi pour cela que je n’ai jamais joué dans mes films.
Le tandem d’auteurs Jacques Fieschi/Nicole Garcia
Après avoir réalisé le court-métrage 15 août, la rencontre avec le scénariste Jacques Fieschi a été déterminante. J’avais déjà une idée d’écriture, celle d’une actrice qui a la garde de ses enfants et qui les emmène à Vichy pour assurer un gala au Rotary Club. J’ai raconté cette histoire à Jacques Fieschi, et il m’a dit : « je ne connais rien aux enfants, ni aux météorites - le petit garçon est passionné d’astronomie -, mais allons-y ! » Cette histoire est devenue le scénario de mon premier long-métrage Un week-end sur deux. Depuis, on a fait neuf films avec Jacques. C’est lui qui tient la plume, c’est moi qui parle : on écrit ensemble.
Ses personnages féminins
Je raconte souvent l’histoire de femmes un peu borderline, en danger que l’on espère voir aller mieux à la fin du film. Elles prennent des risques et voudraient aimer, être dans un chemin simple, mais c’est tout sauf simple. Il y a une solitude chez elles, elles sont vibrantes.
© Loic Benoit
Propos recueillis par Laura Lépine