Posté le 20.10.2022

Du cinéma d’auteur à Maigret, retour sur un comédien majeur : Bruno Cremer.

Laurent Heynemann, qui a dirigé Bruno Cremer à plusieurs reprises pour la télévision, et notamment dans quatre épisodes de la série Maigret (Cremer joua le personnage de Simenon à un peu plus de cinquante reprises), donne l’une des clés du jeu de cet acteur unique : un rythme tout en retenue, loin de la vitesse de ses débuts au théâtre, quand il jouait Thomas Becket pour Jean Anouilh. Tel était Bruno Cremer (1929 2010) dans la dernière partie de sa carrière, acteur ours au physique imposant, vieux sage mystérieux à la formidable puissance d’écoute.

Ce documentaire impressionniste explore un parcours cinéma en demi-teinte, fait de beaucoup de seconds rôles, souvent spectaculaires, et de quelques amitiés fortes. Notamment, celle qui unit Bruno Cremer à Jean-Claude Brisseau, l’espace de trois films, (Un jeu brutal, De bruit et de fureur, Noce blanche) où il incarne presque à chaque fois un double de fiction du cinéaste. Il avait débuté grâce à Pierre Schoendoerffer dans La 317^ème section, son autorité naturelle et sa voix puissante lui permettant d’être convaincant en adjudant Willsdorf, perdu dans le bourbier de l’Indochine.

© DR

Il tourne ensuite pour Costa-Gavras, Patrice Chéreau, Claude Sautet, entre autres. Et même avec les frères Dardenne qui racontent avec émotion comment Cremer accueillit avec bienveillance d’apprentis cinéastes, jusque-là documentaristes, préparant l’adaptation singulière d’une pièce de théâtre (Falsch de René Kalinsky). Ce fut Cremer, racontent-ils, qui les mit à l’aise, leur suggérant d’atténuer le torrent d’indications qu’ils donnaient aux acteurs. La voix du comédien clot ce film-enquête sur un acteur largement méconnu : il confesse, sans coquetterie, on le jurerait, à quel point il n’existait qu’à travers ses rôles, se jugeant hors écran bien peu intéressant…

A.F.

Séance :

Le Mystère Cremer de Sandra Marti (2022, 52min)

Villa Lumière je 20 14h