Le doc du jour

Des vertus du mauvais esprit


Posté le 15.10.2022


 

Ce documentaire ne couvre qu’une partie de l'œuvre d'Étienne Chatiliez, notamment ses quatre grands succès, depuis La Vie est un long fleuve tranquille (1988) jusqu'à Tanguy (2001), qui rassemblèrent plus de quinze millions de spectateurs, à une époque où la fréquentation était encore plus en berne qu’aujourd'hui.

 

 

Son mérite est de donner largement la parole au cinéaste et de montrer, images à l'appui, ce qui a fait la force et la puissance d'identification de ces films. Chatiliez est un enfant de la pub, ayant réalisé de nombreux spots, joyeux et colorés, à une époque, comme il le précise, où la réclame est encore considérée comme un art ludique et créatif, pointant les tendances du moment.


CHATILIEZ
© DR

 

Passé à la réalisation grâce à son producteur de pubs, Charles Gassot, converti au cinéma, Chatiliez continue à user finement de son œil de sociologue amateur. Son sujet ? La famille dans tous ses états. Famille riche contre famille pauvre (La Vie est un long fleuve tranquille et sa réflexion sur l’inné et l’acquis), la place des aînés au sein de la cellule familiale (Tatie Danielle), la famille-entreprise vécue comme une prison (Le Bonheur est dans le pré), la difficulté à quitter le cocon familial (Tanguy). Étienne Chatiliez insiste beaucoup, à juste titre, sur son mauvais esprit, son goût du politiquement incorrect, expliquant par exemple que Tanguy est né d’une réflexion qu’il juge indicible : « tous les parents du monde détestent leurs enfants dix secondes par jour. » La société n’est-elle plus capable de recevoir des vérités dérangeantes ? Ou l’inspiration du cinéaste s’est-elle tarie avec le temps ? Questions en suspens.

 

 

 

Aurélien Ferenczi

 


Séances :
Étienne Chatiliez – Juste une mise au point de Sébastien Labadie (2022, 1h02, VFSTA)
Villa Lumière sa 15 14h30



 

 

 

Catégories : Lecture Zen