Le Voleur

de Louis Malle


PUBLIÉ LE 17.10.2022


 

Malle-Voleur

 

 

« Je fais un sale métier, mais j’ai une excuse, je le fais salement. » En 1967, Louis Malle entraine Jean-Paul Belmondo dans un rôle que le comédien aimera à retrouver souvent : celui de l’homme seul, indépendant, qui se fiche de la bourgeoisie jusqu’à la dépouiller, la vaincre par divertissement. Ce héros franc-tireur va au-delà de la politique et des idéaux que pourtant il côtoie. Le Voleur est en effet constellé de rencontres masculines, des hors-la-loi par vocation, des anarchistes fiévreux et prêts à tout (attitude très en vogue en cette fin du XIXe siècle). Malle fait la part belle à ces personnages remarquables, intelligents, enflammés et qui savent discourir, (Julien Guiomar, fervent Abbé de La Margelle, le fin Charles Denner, fugitif sacrificiel).

Tous s’agitent autour de ce héros voleur, calme, au regard qui oscille entre le cynisme et la mélancolie, qui ne croit pas assez en la vie, mais veut bien y mettre un sérieux bordel… en attendant. Avec le recul du temps, il est intéressant de constater combien l’agile et solaire Belmondo des débuts inspirait aux cinéastes que le comédien choisissait, de Jean-Luc Godard à Philippe De Broca, puis plus tard Henri Verneuil et Alain Resnais, des héros rongés, qui s’agitent fabuleusement tant qu’on les laisse faire. Le Voleur est une des plus étonnantes illustrations de ce postulat qui porte sur Belmondo un regard émouvant et paradoxal. De la froideur de ce personnage toujours guetté par l’ennui se dégage un bouleversement certain.

Virginie Apiou

 

 

 

 


À découvrir parmi la rétrospective Louis Malle

Le Voleur de Louis Malle (1967)

> Mardi 18 octobre 2022 à 14h à l’Institut Lumière

> Vendredi 21 octobre 2022 à 14h au Pathé Bellecour

 

 

Catégories : Lecture Zen