PUBLIÉ LE 18.10.2022
Immense star et jeune premier du cinéma français des années cinquante, Gérard Philipe n’en détestait pas moins incarner les personnages romantiques au cinéma.
C’est pourquoi il a enchainé, mine de rien, des rôles particulièrement cyniques et désabusés notamment auprès d’héroïnes qu’il séduit inconséquemment dans Les Grandes manœuvres, Pot-Bouille, Les Liaisons dangereuses, et Monsieur Ripois. Ce film de René Clément, dialogué par Raymond Queneau, est l’un des meilleurs du genre, l’un des plus beaux portraits de petit aventurier qui se sert autant des femmes qu’il doit, en retour, également finalement les servir. Gérard Philipe, tout à l’intelligence de son rôle, est extraordinaire de naturel dénué de scrupules et d’illusions.
Monsieur Ripois, 1954 © DR
Trimballé à travers les rues de Londres dans des séquences splendides, quasi documentaires, il devient très surprenant et sublimement pathétique. René Clément joue avec le corps presque dégingandé et la voix suave et teintée de mélancolie de l’acteur, concentré sur son personnage qui au fond ne croit à rien, mais essaie tout. Monsieur Ripois pose alors cette question sans issue : que faire lorsqu’on n’est finalement jamais touché par l’amour ? Gérard Philipe trouve là l’un de ses rôles les plus conscients, passionnants jusqu’au bout, et les plus bouleversants par sa franchise sans gloire.
Virginie Apiou
Séances :
Monsieur Ripois de René Clément (1954, 1h44)
Villa Lumière ma 18 16h30 | Pathé Bellecour ve 21 19h