de Jean Grémillon

PUBLIÉ LE 16.10.2022

 Remorques, 1941

Commencé en 1939 et terminé en 1941, à cause de la guerre, Remorques est un film hybride. Hybride tout d’abord parce qu’il fait le lien entre le Jean Gabin franc-tireur, le gars solitaire et révolté par la société du cinéma d’avant-guerre, et celui définitivement devenu un monsieur, des films des années 50 et au-delà. Remorques montre que quel que soit l’âge, Gabin demeure charismatique. Le comédien qui aime murmurer ses dialogues endosse ici le rôle du capitaine Laurent, qui sauve les bateaux en plein naufrage. Avec une poésie visuelle qui est la marque de son cinéma, le réalisateur Jean Grémillon multiplie les séquences nocturnes et maritimes à grands coups de halos dans la nuit. Mais le plus grand danger que courent les marins et le héros ne se situe pas en pleine action sur la mer, il se trouve sur terre dans la sphère intime.

C’est là que Remorques prend toute sa force et sa finesse, et se mue en étude de caractères. Car le film est surtout le portrait impitoyable d’un homme trop raide. Sûr de sa virilité tranquille et légèrement immature d’homme encore jeune, ce personnage de capitaine se trouve soudainement envahi par la passion amoureuse, thème si cher au cinéma de Prévert qui signa les dialogues. Sans l’humilier, ni le juger, Grémillon le suit, l’accompagne honnêtement, c’est-à-dire en montrant tout le cheminement de ce héros grand comme une statue immuable, qui tout à coup s’effondre humblement, comprenant que ce qu’il y a entre deux êtres, ça ne regarde personne.

Virginie Apiou

À découvrir parmi les films français du label Lumière Classics

Remorques de Jean Grémillon (1941)

> Mercredi 19 octobre 2022 à 16h15 à l’UGC Ciné Cité Confluence

> Jeudi 20 octobre 2022 à 18h30 au Pathé Bellecour

> Samedi 22 octobre 2022 à 14h à l’Institut Lumière