PUBLIÉ LE 16.10.2022
Un homme comme tant d’autres est le portrait d’un jeune afro-américain toujours sur la brèche. Être noir dans un état du Sud comme l’Alabama (la ségrégation raciale aux Etats-Unis ne prendra fin qu’en 1964, année de réalisation du film), c’est forcément subir humiliations et persécutions sans possibilité de révolte. Ce thème de la menace sur un individu en raison de ses origines n’est pas choisi au hasard lorsque l’on sait que Michael Roemer, réalisateur du film, fut lui-même un enfant juif persécuté par les nazis lors de la seconde guerre mondiale. Roemer n’a donc aucun mal à restituer la véracité d’une vie sociale, sentimentale, professionnelle, citoyenne très particulière. Et il ne se contente pas de cela.
Aux très beaux plans dignes du néo-réalisme italien qui montrent une justesse très émouvante des travailleurs manuels dans une scierie ou ailleurs, vient s’ajouter l’histoire personnelle du héros, qui dépasse les couleurs de peau. Plus encore que de faire face au monde, à la société, Duff, le protagoniste de l’histoire, doit s’affronter lui-même. Roemer filme son comédien toujours plus tourmenté, toujours plus entamé, toujours plus intéressant. Percuté par son destin personnel, cet homme jeune dévoile tout ce qui l’a construit, dont sa relation avec un père bouleversant de défaillance nocive, mais candide. Un homme comme tant d’autres traque avec un très juste équilibre et une image magnifique, autant le rapport au monde d’un être jeune, que son rapport à lui-même, produisant à sa manière une œuvre complète.
Virginie Apiou
À découvrir parmi les Trésors et curiosités du label Lumière Classics
Un homme comme tant d’autres de Michael Roemer (1964)
> Dimanche 16 octobre 2022 à 14h au Pathé Bellecour
> Lundi 17 octobre 2022 à 20h à l’Institut Lumière