Deux hommes masqués attaquent une bijouterie dans la banlieue de New York. L’un reste dans la voiture tandis que l’autre pénètre dans la boutique. Tout se passe mal, des coups de feu sont tirés. Le chauffeur quitte les lieux seul, en catastrophe.
Rien ne devait se passer ainsi. Nanette, la propriétaire de la bijouterie, ne devait pas être mortellement blessée dans le braquage organisé par ses deux fils, Andy et Hank. Mais l’enchaînement des événements et des mauvaises décisions ne pouvait aboutir à autre chose.
« Quand vous regardez ce film, vous avez l’impression qu’il a été tourné par un jeune homme en colère. Il frappe tout autant par sa rage que par sa simplicité. » (Ethan Hawke, Sofilm n°87, septembre / octobre 2021) Sidney Lumet, 83 ans alors, signe une tragédie familiale, à la noirceur totale. Aucune rédemption, rien à sauver. Dans cette Amérique où l’individualisme est devenu la norme, la famille, remplacée par l’appât du gain, n’est plus une valeur. Les deux frères sont aux abois : Andy, l’aîné, qui a une forte emprise sur son cadet, doit trouver l’argent nécessaire pour mener grand train et assurer sa consommation de drogues ; Hank doit payer une pension alimentaire. La solution est devant leurs yeux : le commerce de leurs parents.
La narration du film est fragmentée, comme un puzzle déroulant à coups de flashbacks le mécanisme tragique, l’enchaînement de décisions absurdes qui mène à l’irréparable. Les personnages sont parfaitement cyniques, offrant le spectacle d’une nature humaine peu reluisante. Toujours excellent directeur d’acteurs, Sidney Lumet filme ses comédiens dans des plans longs, parfois caméra à l’épaule, ce qui laisse le temps à leurs personnages de développer leurs émotions. Philip Seymour Hoffman et Ethan Hawke y sont des frères maudits, dévorés par l’envie pour le premier, par la puissance de son frère pour le second.
Fidèle à ce qui a fait le sel de son cinéma, Sidney Lumet signe avec 7h58 ce samedi-là un dernier film sec, sur la corde, un coup de poing à couper le souffle.
« Au fond, c'est tout un cinéma américain qui nous a été cher et que nous continuons de chérir, tant pour son engagement civique que pour sa pertinence stylistique, dont il est aujourd'hui le symbole. Le cinéaste new-yorkais, qui avoue n'utiliser ni fax ni e-mail, semble braver le temps et les réticences des financiers par la simple force de son talent. 7h58 ce samedi-là vient nous rappeler qu'il sait porter haut une modernité profonde, libre des derniers gadgets technologiques et du prêt-à-penser : sa modernité à lui, c'est dans l'intelligence et dans l'affect qu'elle prend racine. » (Christian Viviani, Positif n°560, octobre 2007)
7h58 ce samedi-là (Before the Devil Knows You're Dead)
États-Unis, 2007, 1h57, couleurs, format 1.85
Réalisation Sidney Lumet
Scénario Kelly Masterson
Photo Ron Fortunato
Musique Carter Burwell; Champale, Maplewood, The Essex Green, Lonnie Rutledge…
Montage Tom Swartwout
Décors Christopher Nowak
Costumes Tina Nigro
Production Michael Cerenzie, Brian Linse, Paul Parmar, William S. Gilmore, Unity Productions, Linsefilm, Ltd., Funky Buddha Group, Capitol Films
Distributeur UGC Distribution
Interprètes Philip Seymour Hoffman (Andy), Ethan Hawke (Hank), Albert Finney (Charles), Marisa Tomei (Gina), Aleksa Palladino (Chris), Michael Shannon (Dex), Amy Ryan (Martha), Sarah Livingston (Danielle), Brian F. O'Byrne (Bobby), Rosemary Harris (Nanette)
Présentation au Festival de Deauville 7 septembre 2007
Sortie en France 26 septembre 2007
Sortie aux États-Unis 26 octobre 2007
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