Paul (Banks Repeta), à l’aube de l’adolescence, se rêve artiste-peintre. Scolarisé dans une école publique, il n’est guère investi dans ses études, préférant faire les quatre cents coups avec son ami Johnny (Jaylin Webb), gamin noir d’origine très modeste, en rupture familiale. Les parents de Paul (Anne Hathaway et Jeremy Strong) rêvent pour lui d’une intégration exemplaire, en particulier Irving, plombier, qui rêve de voir son fils gravir l’échelle sociale.
« Armageddon Time », le titre programmatique est une double référence : l’une, biblique, à la grande bataille finale entre le Bien et le Mal; l’autre, politique et sociétale, à l’expression utilisée par Ronald Reagan dans sa course à la Maison-Blanche. Car James Gray situe son récit, aux accents très personnels, dans le New York des années 80, alors que les États-Unis passent de l’utopie des années 70 au conservatisme de la décennie suivante.
Ce changement d’époque, Paul le vit aussi personnellement. Son passage à l’âge adulte se fait sur le thème du renoncement. Dans cette famille juive de la classe moyenne, le père rêve de haute éducation et d’ascension sociale pour son fils. Cela passera par une école privée, dans laquelle Fred Trump – père de Donald – siège au conseil d’administration. Là, Paul découvre la discrimination, le racisme et ce que l’on ne nomme pas encore le « privilège blanc ».
Motif permanent de l’œuvre de James Gray, la relation au père, mais ici également au grand-père (Anthony Hopkins, dans le rôle de "passeur"), est centrale. Dans ce récit d’apprentissage, Paul fait face à la question que chacun peut se poser : que doit-on trahir pour se construire ? Pour le comédien Jeremy Strong, Armageddon Time « est un film sur notre époque, [sur] la manière dont on peut préférer l’intégration sociale à la résistance, au courage, à l’intégrité. » (Libération, 20 mai 2022) La chronique familiale, à travers le regard de Paul, devient film sociétal ; James Gray montre l’intime pour démontrer l’universel.
« Tourné dans les couleurs passées du souvenir, empruntant les voies relativement convenues de l’épreuve autobiographique, Armageddon Time possède cette vertu de nous livrer comme l’archéologie intime de l’œuvre de James Gray, laquelle s’épanouit comme on le sait dans le néoclassicisme noir : le prestige et la trahison des pères, la révolte et la honte des fils, le devoir de la fidélité et le trouble dans la transmission. Armageddon Time est, à cet égard, le film de James Gray qui reconnaît dans la question qu’il ne cesse de creuser comme artiste, celle que lui a posée la vie lorsqu’il s’est agi d’accéder à la conscience de soi. » (Jacques Mandelbaum, Le Monde, 21 mai 2022)
Armageddon Time
États-Unis, 2022, 1h55, couleurs, format 2.39
Réalisation & scénario James Gray
Photo Darius Khondji
Musique Christopher Spelman;
Montage Scott Morris
Décors Happy Massee
Costumes Madeline Weeks
Production Marc Butan, James Gray, Anthony Katagas, Rodrigo Teixeira, Focus Features, RT Features
Distributeur Universal Pictures France
Interprètes Anne Hathaway (Esther Graff), Jeremy Strong (Irving Graff), Anthony Hopkins (Aaron Graff), Banks Repeta (Paul Graff), Jaylin Webb (Johnny)
Présentation au Festival de Cannes 19 mai 2022
Sortie du film le 9 novembre 2022 par Universal Pictures France
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