Atlantic City

Louis Malle

À Atlantic City, Sally (Susan Sarandon) est serveuse dans un casino et rêve de devenir croupière. Elle héberge son mari Dave (Robert Joy) et sa sœur Chrissie (Hollis McLaren)avec qui il vit désormais. Dave est venu pour vendre de la cocaïne. Quelques jours après son arrivée, il rencontre un truand, Lou (Burt Lancaster), qui est aussi le voisin de Sally. Les deux hommes s'associent.

Considéré comme le sommet de la période américaine de Louis Malle, Atlantic City met un terme au cycle "scandaleux" du cinéaste : il est majoritairement très bien reçu par la critique et reçoit le Lion d’or à la Mostra de Venise en 1980.

La ville d’Atlantic City est traitée comme le personnage principal du film. Surnommée "la perle de Philadelphie", elle connaît son heure de gloire dans les années 20 et 30, puis régresse, au fil du temps, vers une extrême pauvreté, jusqu’aux années 70. L’idée vient de redonner à la ville son ancien éclat, en la transformant en une sorte de Las Vegas du New Jersey. Louis Malle observe cette métamorphose : des ouvriers détruisent les anciens palaces pour les remplacer par des buildings et des casinos. Il voit dans Atlantic City le symbole du capitalisme américain. On retrouve l’œil du documentariste – quoique paradoxalement, puisque la moitié du film est tournée à Montréal (la production est canadienne). Atlantic City est réalisé "à la française", avec un petit budget et une équipe réduite.

Au fil du récit, des personnages sincères et paumés se rencontrent, interprétés magnifiquement par le duo Burt Lancaster - Susan Sarandon ; on y croise aussi Michel Piccoli, apparition improbable dans le rôle d’un croupier.

« Atlantic City est un film que seul un Européen pouvait réaliser, une méditation sur un pays qui tourne en permanence le dos à son passé, mais aussi un hommage à Hollywood. Burt Lancaster incarne un âge d’or du cinéma, et représente une image mythique du mauvais garçon confronté à la disparition de son environnement et dans l’impossibilité de s’adapter à ce nouveau monde. La femme dont il est secrètement amoureux, trop jeune pour prendre en considération ses initiatives, a, elle, un rêve européen en tête, le retour au passé. Atlantic City est un film de nulle part, perdu entre deux continents. Une œuvre incomparable. » (Samuel Blumenfeld, M Le Magazine du Monde, 4 juin 2016)