Au revoir les enfants

Louis Malle

Hiver 1944, en province. Julien (Gaspard Manesse), 12 ans, est pensionnaire au collège de Sainte-Croix. Jean Bonnet (Raphaël Fejtö) son voisin de dortoir, l'intrigue. Il découvre son origine juive et devient son ami. Joseph (François Négret), l'aide-cuisinier, est renvoyé par le Père Jean (Philippe Morier-Genoud) quand celui-ci découvre ses trafics. Sans emploi, il se venge en dénonçant les enfants juifs du collège à la Gestapo.

Au revoir les enfants tire son inspiration d’un souvenir personnel de Louis Malle. En 1944, alors pensionnaire dans un collège catholique près de Fontainebleau, il découvre que l’un de ses camarades est d’origine juive et lie une amitié furtive avec lui. Un matin, leur monde s’écroule lorsque la Gestapo vient arrêter les enfants juifs de l’établissement. Ces derniers, ainsi que le directeur qui les cachait, mourront en déportation. « Le titre est donc un euphémisme, en l’occurrence poignant, qui ne se justifie ni par une quelconque fausse pudeur ni par la crainte d’appeler les choses par leur nom, mais qui suggère en lui-même, dans ce qu’il ne dit pas, l’aberration monstrueuse de la guerre imposée à l’enfance, chez qui le mot adieu et la notion de "jamais plus" n’ont pas encore cours. Beau titre reposant sur l’idée d’indicible, à l’image du film lui-même qui, adoptant d’un bout à l’autre le point de vue de l’enfant […], se tient constamment au bord du gouffre, de l’inconcevable. »(Jacques Valot, Image et Son / La Revue du Cinéma n° 431, octobre 1987)

Le film marque le retour en France de Louis Malle, après dix ans de carrière aux États-Unis, mais aussi celui du cinéaste à la période de l’Occupation, revisitée cette fois-ci sous un angle beaucoup plus intime que dans Lacombe Lucien. Le cinéaste déclarera que, de tous ses films, c’est Au revoir les enfants qui compte le plus pour lui. Il aurait aimé que celui-ci soit sa première réalisation et admet avoir eu peur de mourir avant de l’avoir fait. Il déclarait avoir été terrifié pendant longtemps à l’idée de se replonger dans les souvenirs de cette époque. Cette blessure inguérissable décidera de sa vocation et, peu de temps après l’arrestation de son ami, il annoncera à ses parents qu’il veut faire du cinéma.

Le ton juste, sobre et pudique, allié à la grande sincérité de l’auteur, fait d’Au revoir les enfants une œuvre bouleversante, ovationnée, le plus grand succès public du cinéaste. Le film reçoit le Lion d’or de la Mostra de Venise, est nommé deux fois aux Oscars et obtient sept César dont celui du meilleur film et de la meilleure réalisation en 1988.