Bien que les Nordistes aient gagné la guerre de Sécession, la situation des Noirs n'a guère évolué en Louisiane. Buck (Sidney Poitier), un ancien sergent de cavalerie, prend la tête d'un convoi d'esclaves affranchis pour passer la frontière du Colorado et ainsi fuir les esclavagistes qui ne cessent de les poursuivre pour les ramener sur leurs domaines.
Première réalisation de Sidney Poitier, dans laquelle il tient le rôle principal, Buck et son complice porte à l’écran une période peu racontée de l’Histoire des États-Unis : les lendemains de la guerre de Sécession. Le cinéaste incarne un héros noir ― jusqu’alors sous-représenté dans les westerns américains ― allant contre toutes les conventions hollywoodiennes de l’époque. Au début des années 70, le western n’est déjà plus un genre très en vogue et les productions sont principalement des critiques métaphoriques de la guerre du Viêt-nam. Militant du Mouvement des droits civiques, Sidney Poitier évoque ici, en sous-texte, les émeutes noires de Watts (1965) et de Detroit (1967). Le cinéaste rappelle que les droits civiques les plus élémentaires, pourtant garantis après la guerre, sont toujours loin d’être acquis.
En 1971, un an avant la sortie de Buck et son complice, Sweet Sweetback's Baadasssss Song de Melvin Van Peebles et Shaft de Gordon Parks lançaient la blaxploitation, genre nouveau, rageur et militant. « La blaxploitation est le reflet d'un contexte politique, d'un renouveau culturel. Buck et son complice voit deux vedettes issues des années 60 mises au défi de cette modernité. Leur réponse, pertinente, est dans le métissage. Le film met en scène le récit pionnier et biblique par excellence ― la trajectoire vers l'Ouest devenant celle de l'émancipation ―, mais il porte aussi les marques les plus burlesques du western spaghetti. Il transgresse les règles d'un genre pour dénoncer un tabou. Sa gravité s'exprime dans le second degré. Sa révolution est sereine. Sidney Poitier filme un combat politique. En 1972, dans Buck et son complice, ce combat est gagné par les Noirs. Mais il ne s'agit alors que d'une victoire à l'écran. Et, dans la réalité, cette lutte est toujours en cours. » (Samuel Blumenfeld, M - Le magazine du Monde, 18 février 2017)
Buck et son complice (Buck and the Preacher)
États-Unis, 1972, 1h42, couleurs, format 1.85
Réalisation Sidney Poitier
Scénario Ernest Kinoy d'après une histoire de Drake Walker et Ernest Kinoy
Photo Alex Phillips Jr.
Musique Benny Carter
Montage Pembroke J. Herring
Décors Sydney Z. Litwack
Costumes Guy Verhille
Production Joel Glickman, Herb Wallerstein
Distributeur Park Circus
Interprètes Sidney Poitier (Buck),Harry Belafonte (le prédicateur), Ruby Dee (Ruth), Cameron Mitchell (Deshay), Denny Miller (Floyd),Nita Talbot (Madame Esther),James McEachin (Kingston), Clarence Muse (Cudjo),Enrique Lucero (le chef indien),Julie Robinson (Sinsie),John Kelly (le shérif)
Sortie aux États-Unis 28 avril 1972
Sortie en France 9 août 1972
Restauration 4K Sony au Cineric laboratory.
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