Presque tous les soirs, on se contente, chez les Bucket, d’une soupe aux choux allongée d’eau, que le petit Charlie (Freddie Highmore) partage bien volontiers avec ses parents (Helena Bonham Carter, Noah Taylor) et grands-parents. Ils habitent une vieille bicoque délabrée et pleine de courants d’air, mais débordante d’amour. Chaque soir, avant de s’endormir, Charlie regarde par la fenêtre l’impressionnante usine qui alimente ses rêves… Depuis des années, personne n’a vu aucun ouvrier entrer ou sortir de la chocolaterie, ni aperçu le propriétaire Willy Wonka (Johnny Depp). Un jour, ce dernier fait une annonce extraordinaire : il ouvrira les portes de son usine aux cinq enfants qui dénicheront les tickets d’or dissimulés dans les barres chocolatées Wonka.
En adaptant Charlie et la chocolaterie, le classique des classiques de la littérature jeunesse, best-seller du Britannique Roald Dahl, Tim Burton respecte l’esprit du livre et ses souvenirs de jeune lecteur. Qui n’a jamais rêvé, enfant, de visiter une usine de confiseries ? Celle de Willy Wonka, dont les portes sont closes depuis des années, tient du château mystérieux. Les heureux élus qui vont le visiter sont Augustus Gloop, glouton laid et méchant, Veruca Salt, héritière capricieuse, Violet Beauregarde, bête à concours, Mike Teavee, je-sais-tout tête à claques, et évidemment Charlie, garçon émerveillé et désintéressé. La journée à la chocolaterie se transforme en voyage initiatique, ponctué d’épreuves visant à sélectionner celui qui méritera le cadeau ultime. Et ce sont leurs traits de caractère qui feront chuter les quatre premiers candidats : gourmandise, orgueil, bêtise et arrogance. Sous-jacente, une charge contre l’enfant-roi.
Charlie et la chocolaterie est avant tout le portrait de Willy Wonka, inventeur de génie reclus dans son usine. Il est excentrique, solitaire, "à part". Il se fond avec facilité dans l’univers de Tim Burton. Dans cette vie confinée, il a développé une phobie du contact humain, une obsession pour l’hygiène, et une aversion pour la famille, les seuls mots "parents" ou "papa" lui donnant une nausée immédiate.
Formidable machinerie aux allures de parc d’attractions, l’usine de Willy Wonka est une fantasmagorie, à laquelle Tim Burton donne vie : une rivière de chocolat, des écureuils champions du casse-noix, une végétation de sucre filé… Et les Oompa-Loompas, petits hommes venus d’une contrée lointaine, incarnés par un Deep Roy reproduit à l’infini, sont la cheville ouvrière de cette fabrique, ponctuant le film de numéros musicaux délirants.
Pour autant, aussi acidulé qu’il soit, Charlie et la chocolaterie décrit un univers aseptisé et froid. C’est un conte malin et un peu cruel qui trouve toute sa place dans le monde de Tim Burton.
« Charlie.… est un film désespéré qui constate que les enfants (hors son héros modèle) sont déchus de leur innocence, et qui prend le parti de les punir, de les corriger. C'est à travers cette cruauté que Burton et nous-mêmes, spectateurs, jouissons. La force du film est de retrouver la vigueur de l'épreuve des contes de fées, où les enfants-monstres sont châtiés, dévorés, perdus, métamorphosés, défaits de leur beauté et de leur prestige. Les contes de fées ont longtemps été épreuve de l'enfance et Burton ravive cette ordalie, même s'il la masque des atours affriolants et colorés, musicaux et enjoués, de la parade carnavalesque d'un film de pur divertissement. » (Antoine de Baecque, Libération, 13 juillet 2005)
Charlie et la chocolaterie (Charlie and the Chocolate Factory)
États-Unis, Royaume-Uni, 2005, 1h55, couleurs, format 1.85
Réalisation Tim Burton
Scénario John August, d’après le roman éponyme de Roald Dahl
Photo Philippe Rousselot
Effets visuels Nick Davis
Effets spéciaux Josh Williams
Chorégraphie Francesca Jaynes
Direction artistique Leslie Tomkins, Kevin Phipps
Musique Danny Elfman
Montage Chris Lebenzon
Décors Alex McDowell
Costumes Gabriella Pescucci
Production Brad Grey, Richard D. Zanuck, Warner Bros.
Distributeur Warner Bros.
Interprètes Johnny Depp (Willy Wonka), Freddie Highmore (Charlie Bucket), David Kelly (Grandpa Joe), Helena Bonham Carter (Mrs. Bucket), Noah Taylor (Mr. Bucket), Anna Sophia Robb (Violet Beauregarde), Julia Winter (Veruca Salt), Jordan Fry (Mike Teavee), Philip Wiegratz (Augustus Gloop), Deep Roy (Oompa Loompa), Missi Pyle (Mrs. Beauregarde), James Fox (Mr. Salt), Adam Godley (Mr. Teavee), Franziska Troegner (Mrs. Gloop), Liz Smith (Grandma Georgina), Eileen Essell (Grandma Joséphine), David Morris (Grandpa George), Christopher Lee (le docteur Wonka), Blair Dunlop (Willy Wonka, enfant)
Sortie en France 13 juillet 2005
Sortie aux États-Unis 15 juillet 2005
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