Un ouvrier carrier (Charles Vanel) est défiguré à la suite d'une explosion. Pour cacher son visage désormais effrayant, il est obligé de porter un masque, dont il finit par ne plus se défaire. Son épouse (Sandra Milowanoff), qui le soigne, se console auprès d’un autre. Un jour, l’ouvrier surprend les deux amants…
Pendant l’été 1929, on tourne un film à Jujurieux, commune située sur la rive gauche de l’Ain. Cette région est le pays du père de Charles Vanel, qui y fut ouvrier dans une scierie. L'acteur, qui avait déjà tourné dans près de cinquante films depuis 1910, avec les cinéastes français les plus importants, Jacques de Baroncelli, René Clair, Maurice Tourneur, se lance ici dans la réalisation. Pour lui, « l’auteur unique du film, c’est le metteur en scène : transposer une histoire ou un roman constitue presque l’équivalent d’une mise au monde, d’une naissance. […] Le métier du cinéma le plus intéressant n’est pas celui d’acteur mais bien celui de réalisateur. »
L’acteur-cinéaste signe un film bouleversant. « Un drame d’atmosphère ouvrière », comme il se plaisait à décrire cette histoire qui rendait hommage à son père. À la sortie du film, la critique fut élogieuse : « Vanel atteint soudain au grand drame. Une folle sincérité s’empare des images. Une convaincante et douloureuse cruauté. Enfin de la puissance. […] Le metteur en scène Vanel dit son fait à la vie. » (Michel Gorel, La Revue du cinéma n° 11, 1er juin 1930).
Mais le temps du muet était achevé. Quand le film arrive sur les écrans, en mai 1930, le parlant est roi. Retiré de l’affiche, le seul long métrage de Charles Vanel disparaît des mémoires (il ne tournera ensuite qu’un court métrage, en 1932, Affaire classée/Le Coup de minuit). Enfin presque. Légué à l’Institut Lumière par Charles et Arlette Vanel en 1983, Dans la nuit, enfin restauré, redonne aujourd’hui à voir sa fureur et son réalisme absolus.
« Dans la nuit de Charles Vanel est exceptionnel à plus d’un titre. Mise en scène par un comédien à une époque où le va-et-vient devant/derrière la caméra était moins courant qu’aujourd’hui, il fut tourné en 1929, en pleine irruption du parlant, ce qui en fait l’un des derniers films français muets. Comme l’action se déroule à Jujurieux, dans le Bugey, près de Lyon, trente-cinq ans après le lancement du Cinématographe, on peut dire que l’histoire du cinéma français muet commence avec Lumière et se termine avec Vanel. La coïncidence n’est pas seulement géographique et la comparaison n’est pas imméritée : Dans la nuit est un film absolument formidable, injustement oublié et extraordinairement contemporain. […] Le film montre une liberté de ton pour traiter tant l’effroi que le bonheur, une richesse de propos, une patience à l’image même, une exigence, un rythme : bref, de la poésie cinématographique. Vanel est un vrai cinéaste moderne et Dans la nuit est un film d’auteur.» (Bertrand Tavernier)
Dans la nuit
France, 1930, 1h30, noir et blanc, format 1.33
Réalisation & scénario Charles Vanel
Assistants réalisation Jean Cassagne, Raoul Lagneau
Photo Georges Asselin
Décors Armand Bonamy
Production Les Films Fernand Weill
Interprètes Charles Vanel (l’ouvrier carrier), Sandra Milowanoff (sa femme)
Sortie en France 31 mai 1930
La restauration de Dans la nuit a été conduite par l’Institut Lumière. Elle a été financée par le Centre National du Cinéma et de l’image animée, dans le cadre de l’aide sélective à la numérisation des œuvres cinématographiques du patrimoine.
Cette restauration a été effectuée par Éclair Classics, à partir du négatif flam d’origine sauvegardé par la Cinémathèque française. Elle a bénéficié du soutien de la maison CHANEL, de Laurent Gerra et de Michel Merkt.
Merci aux équipes de l’Institut Lumière, de la Cinémathèque française et d’Éclair Classics.
La HFPA est associée à l’événement Dans la nuit.
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