Danse macabre

Trésors et curiosités

Alan Foster (Georges Rivière), un jeune journaliste, relève le pari que lui fait Edgar Allan Poe de passer une nuit, celle d’Halloween, dans un château que l'on dit hanté. S’il y entre confiant, il perd rapidement pied car, devant ses yeux horrifiés, sont revécus des meurtres passés. Jusqu'au plus récent : celui du précédent couple à avoir relevé le même défi.

À l’origine, c’est Sergio Corbucci qui doit réaliser Danse macabre, car son producteur Giovanni Addessi souhaite que le cinéaste réutilise les décors du Religieux de Monza (1963). Corbucci demande alors à son frère Bruno Corbucci et à Giovanni Grimaldi de scénariser un film d’épouvante gothique. Mais bientôt, engagé sur un autre projet, le cinéaste ne peut pas assurer la réalisation du film et confie le projet à Antonio Margheriti.

Celui-ci, qui signera tous ses films Anthony ou Anthony M. Dawson, est à l’aube d’une carrière prolifique – près de soixante titres entre 1960 et 1997, tous entre série B et Z – dans laquelle il alternera épouvante, gialli, aventures, science-fiction et érotisme, avec une aisance et une facilité qui lui vaudront le titre de « Roger Corman italien ». Sans atteindre la maîtrise de son contemporain Mario Bava, il réalisera, surtout dans les années 60, plusieurs films assez réussis (La Vierge de Nuremberg, 1963; La Sorcière sanglante, 1965).

Le générique annonce Danse macabre comme une adaptation du roman éponyme d’Edgar Allan Poe. À la différence près qu’un tel ouvrage n’a jamais existé ; le réalisateur et les scénaristes se sont largement inspirés des motifs de son œuvre et rendent hommage à Poe en lui donnant un rôle déclencheur dans l’intrigue : c’est lui qui fait découvrir le château hanté à Alan Foster.

« Une longue bobine durant, nous eûmes froid dans le dos avec Rivière dans ce bric-à-brac pourtant archi-connu et classé : c'est que la durée, l'insistance avec laquelle le réalisateur et le monteur nous faisaient parcourir ce grand décor désert, aiguisaient l'attente de choses inavouables, immontrables, d'une manière parfaitement intelligente. Et puis, soudain, cette évocation entrevue d'un bal fantomatique et nous nous sentons pris au vieux piège. Un pas de plus et nous marchons. Paraissent la bouche coupante, le nez aigu de Barbara Steele. Nous volons. Cette femme fantastique n'explique pas tout : […] Danse macabre offre des instants privilégiés et palpables, épileptiques avec l'assez fabuleuse nuit de noces de Barbara-Elisabeth […], raffinés avec l'astucieux mélange des temps […], érotiques, avec une sarabande d'effets soigneusement éclectiques, poétiques avec l'amour impossible d'une ombre et d'un reporter positiviste essayant enfin d'arracher la belle au cœur froid à la ronde des fantômes. » (Jonathan Harker, Cinéma 65 n°97, juin 1965)