Après avoir subi humiliations, tortures, sévices et viols de la part de leurs gardiens, des prisonnières s’évadent. À leur tête, Matsu (Meiko Kaji), surnommée Sasori, "le scorpion".
Second volet de la série de La Femme scorpion, adaptation du manga gekiga (genre érotique et violent) de Toru Shinohara, Elle s’appelait Scorpion creuse le sillon : pour Samuel Douhaire, « rarement un film japonais a fait preuve d'un féminisme aussi libertaire que radical, même pendant les années 70 ». (Libération, 11 août 2006)
L’actrice Meiko Kaji reprend ses attributs de Matsu, détenue surnommée Sasori ("scorpion") pour ses attaques fulgurantes ne laissant aucune chance à ses adversaires et pour sa résistance hors norme. Telle une figure quasi christique, cette effigie rebelle guide ses codétenues vers la liberté. La traque commence. Le combat sera difficile.
En suivant ce périple, le cinéaste Shun'ya Ito fait basculer le film entre road-movie et western italien. Les espaces désertiques, les ralentis, la composition des cadres et le personnage mutique de Sasori (apport de l’actrice au scénario dès le premier opus de la série) rappellent certes le cinéma de Sergio Leone, mais le film verse aussi dans les codes du genre horrifique, avec ses couleurs tranchées et une mise en scène parfois opératique, proche du baroque. Un mélange unique qui intègre les traditions japonaises, à travers théâtre traditionnel (dans le jeu de certaines actrices), onirisme et fantastique. Et c’est d’une rencontre avec fantômes et sorcières que naît le legs d’une soif de vengeance ancestrale, en creux d’une aventure sororale. Sasori se charge ainsi de venger ses codétenues assassinées par la police, symbole d’une société de répression toute masculine.
Film plein d’une rage revendicative, Elle s’appelait Scorpion est par certains qualifié d’« anarchoféministe ». Il est pour le moins nihiliste et constitue une violente charge contre le machisme d’une société qui ne laisse pour place aux femmes que celle d’objet des pulsions masculines. Le fond, plein de fureur ; la forme, captivante. « Aucun autre film d’exploitation nippon n’a atteint un tel niveau de beauté visuelle. L'utilisation du Cinémascope, les effets de montage et l’accompagnement musical confèrent à ce chef-d’œuvre jusqu’à présent connu d’une poignée de cinéphile une splendeur triviale et un lyrisme sauvage qui risquent d’en traumatiser plus d’un. » (Olivier Père, Les Inrockuptibles, 17 juin 2008)
Elle s'appelait Scorpion (Joshu sasori: Dai-41 zakkyo-bo)
Japon, 1972, 1h29, couleurs, format 2.35
Réalisation Shun'ya Ito
Scénario Shun'ya Ito, Fumio Konami, Hiro Matsuda, d’après le manga Sasori de Toru Shinohara
Photo Masao Shimizu
Musique Shunsuke Kikuchi
Montage Osamu Tanaka
Direction artistique Tadayuki Kuwana
Costumes Sadako Miyashita
Production Toei Company
Interprètes Meiko Kaji (Matsu, surnommée Sasori), Fumio Watanabe (l’inspecteur Goda), Yukie Kagawa (Tomiko Yasuki), Kayoko Shiraishi (Hide Ôba), Eiko Yanami (Harue Wagatsuma)
Sortie au Japon 30 décembre 1972
Sortie d’un coffret Bu-ray en mars 2023 avec l'intégralité de la saga de La Femme scorpion par Le Chat qui fume.
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