EO est un âne, l’une des vedettes d'un cirque itinérant. Il est choyé par Kasandra (Sandra Drzymalska), la danseuse polonaise qui se produit sur la piste à ses côtés. Elle multiplie caresses et attentions – y compris des muffins à la carotte. Mais des défenseurs des animaux accusent le cirque de torture et exigent qu'il cesse immédiatement d'utiliser des animaux vivants. Les activistes croient libérer EO, sans imaginer que sa vie va se dégrader au fil de ses multiples expériences, auprès de supporters de football excités, d'un camionneur transportant des chevaux destinés à finir en saucissons, ou même d'une étrange comtesse (Isabelle Huppert) vivant dans un palais italien…
« C’est le film le plus important pour moi car c’est le seul qui m’ait vraiment ému, profondément touché. » Ainsi parlait en 2010 (dans Télérama) le cinéaste polonais Jerzy Skolimowski du chef-d'œuvre de Robert Bresson, Au hasard Balthazar. EO n'est pas un remake direct de son modèle français, mais il en reprend le principe : les mésaventures d'un âne, soumis à la brutalité du monde et des humains qui l’habitent, gardant son innocence malgré les mauvais traitements reçus.
EO – le titre figure à la fois le nom de l’âne et l’équivalent anglophone de son braiement, "hi-han" – est le dix-huitième film du cinéaste issu de la célèbre école de Lódź, en Pologne. Ses premières œuvres, énergiques et disruptives, ont dérangé les autorités locales, au point qu’à l'instar de son ami Roman Polanski, Jerzy Skolimowski fera l'essentiel de sa carrière hors de son pays natal. Il abandonne même le cinéma pendant plus de quinze ans pour se consacrer à la peinture, déçu par ses derniers films et hostile au système qui les a rendus possibles.
À 84 ans, il n'a rien perdu de son goût de l’expérimentation visuelle et de son mordant, lui qui se qualifie volontiers de « cynique lyrique ». Dans EO, antispécisme et misanthropie marchent main dans la main : recevant le Prix du Jury au dernier Festival de Cannes, le cinéaste a d'abord remercié les six différents ânes (Hola, Tako, Marietta, Ettore, Rocco et Mela) qui jouent tour à tour son héros.
« Skolimowski évite une intrigue conventionnelle pour réaliser un film qui se situe entre fiction et documentaire, film de nature et avant-garde. S'il y a un message derrière EO, c'est que les animaux – les ânes en particulier – sont toujours traités avec beaucoup de brutalité, alors que ce sont eux qui parviennent à faire de notre monde un endroit si beau. Tout cela pourrait paraître banal si ce n'était pas filtré par la mise en scène extrêmement viscérale du cinéaste, qui donne aux plus petits événements – comme la traversée de la frontière italienne en camion – un caractère épique. » (Jordan Mintzer, The Hollywood Reporter, 19 mai 2022)
EO
Pologne, Italie, 2022, 1h27, couleurs
Réalisation Jerzy Skolimowski
Scénario Ewa Piaskowska, Jerzy Skolimowski
Photo Michał Dymek
Musique Paweł Mykietyn
Décors Miroslaw Koncewicz
Montage Agnieszka Glińska
Production Skopia Film, Recorded Picture Company
Distributeur ARP Sélection
Interprètes Sandra Drzymalska (Kasandra), Lorenzo Zurzolo (Vito), Mateusz Kosciukiewicz (Mateo), Isabelle Huppert (la comtesse)
Présentation au Festival de Cannes 19 mai 2022
Sortie le 19 octobre 2022
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