En compagnie de sa fiancée Mariana (Lena Brundin), Jan (Keve Hjelm) retourne dans le château où il a passé son enfance. Les souvenirs ressurgissent : l’amour fou pour sa mère Irene (Ingrid Thulin), mais également les expérimentations sexuelles de celle-ci, qui ne cachait rien à son fils.
Il y a des scènes marquantes dans le film de Mai Zetterling, mais une retiendra particulièrement les critiques de 1966 : entre rires, hurlements et râles, au son de la musique, une femme accouche de son enfant mort-né, au sein d’une fête où les invités se livrent à de multiples orgies. Sous les yeux de son fils.
Pour Jeux de nuit, son deuxième titre, Mai Zetterling adapte son propre roman qui sortira en même temps que le film. Désormais plus sûre de sa légitimité en tant que cinéaste, elle garde les yeux grands ouverts, filme franchement. Entre passé et présent, Jan, son héros, revisite son enfance. Rapports freudiens, orgie, inceste, onanisme, masochisme, ses yeux d’enfant auront tout vu. Son passé, il le vomit désormais, au sens propre comme au sens figuré. Prisonnier et "empêché" par ses souvenirs, il ne peut que liquider son passé en le faisant exploser.
Jeux de nuit est sélectionné à la Mostra de Venise, et se voit, par crainte d’un éventuel scandale, projeté à huis clos aux seuls journalistes. Les remous ne sont pas pour autant évités. Le film choque. Le baroque des fêtes licencieuses fait évoquer Fellini, mais pour souligner que "n’est pas Fellini qui veut". Face à cette vague, le critique Henry Chapier rappelle : « Il est évident que l’œuvre étant purement affective, la réaction de celui qui la reçoit agace d’abord l’épiderme. […] Avec Mai Zetterling, le cinéma est d’abord une affaire de peau : si l’on passe le cap de l’épreuve physique ou nerveuse, le retour de la sérénité critique est assuré. » Et de conclure : « Je crois que Jeux de nuit est une très belle œuvre, inégale, parfois tarabiscotée, mais foisonnante de traits de génie. » (Combat, 3 septembre 1966)
Pierre Billard souligne également le travail de fond et de forme de la jeune cinéaste : « Le second film de Mai Zetterling confirme ses dons d'atmosphère, son sens de la photogénie, et, surtout, son obsession des problèmes sexuels. À la manière de ces auteurs progressistes qui, plutôt que de peindre des paradis prolétariens, s'attachent à fustiger les dépravations bourgeoises, Mai Zetterling traque les complexes les plus secrets et tranche d'une caméra acérée les nœuds de vipères des refoulements sexuels les plus intimes. » (L’Express, septembre 1966)
Jeux de nuit (Nattlek)
Suède, 1966, 1h45, noir et blanc, format 1.66
Réalisation Mai Zetterling
Scénario Mai Zetterling, David Hughes, d’après le roman Nattlek de Mai Zetterling
Photo Rune Ericson
Musique Jan Johansson, Georg Riedel
Montage Paul Davies
Décors Jan Boleslaw
Costumes Birgitta Hahn
Production Göran Lindgren, Sandrews
Interprètes Ingrid Thulin (Irene), Keve Hjelm (Jan), Lena Brundin (Mariana), Jörgen Lindström (Jan, à 12 ans), Naima Wifstrand (Astrid), Monica Zetterlund (Lotten), Lauritz Falk (Bruno), Rune Lindström (Albin), Christian Bratt (Erland), Lissi Alandh (Melissa), Georg Arlin (Dicksson), Axel Fritz (Alex)
Présentation à la Mostra de Venise 2 septembre 1966
Sortie en Suède 12 septembre 1966
Sortie en France 14 septembre 1966
Restauration Swedish Film Institute
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