Dadong Carandang (Vic Silayan), officier de police à la retraite, est un père dominateur, extrêmement jaloux des prétendants de sa fille Mila (Charo Santos-Concio). Celle-ci tombe amoureuse de Noel (Jay Ilagan) et le couple attend bientôt un enfant. Dadong accepte qu’ils se marient, à condition que Noel paie une dot extrêmement coûteuse et organise un mariage luxueux. Après le mariage, le père insiste pour que le couple reste enfermé dans sa maison. Jusqu’au cauchemar…
Inspiré d’un fait divers, Kisapmata, sorti un 25 décembre, est décrit par Mike De Leon comme « le film de Noël le plus macabre de tous les temps ». D’une violence terrible, le film est une critique, à peine dissimulée, du régime dictatorial de Ferdinand Marcos (dont le père, policier retraité, est l’allégorie) et de la répression patriarcale et conservatrice régnant alors aux Philippines. C’est aussi la première œuvre cinématographique qui traite véritablement de l’inceste, ce qui est d’une audace rare pour l’époque. Ainsi, alors que De Leon essaie de sortir son film en salle, Kisapmata est frappé par la censure, à cause de son sujet et parce qu’un plan laisse deviner l’état d’excitation du père quand il entre dans la chambre de sa fille. Bien qu’il l’affirme dépourvu de toute ambiguïté, le cinéaste se résout à couper le fameux plan. Après cet événement traumatisant, conscient du danger qui pèse sur son œuvre, il fait tirer discrètement un second négatif de la version initiale. C’est celle-ci qui sera restaurée quarante ans plus tard.
Kisapmata est montré à Nick Joaquin, le journaliste qui avait couvert ce fait divers en 1961. Ce dernier est surpris par son réalisme, convaincu que De Leon a eu accès au dossier de la police – ce qui n’est pourtant pas le cas –, certaines scènes montrant des détails qui n’avaient jamais été révélés au public. « Deux choses m'ont attiré dans cette histoire : la peur et l'oppression dans l'institution philippine la plus sacrée, la famille ; et le complexe de culpabilité propre à la morale de la classe moyenne philippine qui est catholique de nature. » (Mike De Leon, Positif n°264, février 1983)
Cauchemar claustrophobe, Kisapmata est porté par le sinistre personnage du père, interprété brillamment par Vic Silayan, qui demeure une des figures les plus terrifiantes de l’Histoire du cinéma philippin.
Kisapmata
Philippines, 1981, 1h38, couleurs, format 1.85
Réalisation Mike De Leon
Scénario Clodualdo Del Mundo Jr, Raquel Villavicencio, Mike De Leon, d’après l’article The House on Zapote St. de Nick Joaquin
Photo Rody Lacap
Musique Lorrie Ilustre
Montage Jess Navarro
Direction artistique Lea Locsin
Décors César Hernando
Production Simon C. Ongpin, Charo Santos-Concio, Bancom Audiovision
Distributeur Carlotta Films
Interprètes Charo Santos-Concio (Mila Carandang), Jay Ilagan (Noel Manalansan), Vic Silayan (Diosdado "Dadong" Carandang), Charito Solis (Adelina Carandang), Ruben Rustia (Peping Manalansan), Aida Carmona (Onyang), Juan Rodrigo (Ernie), Cora Alforja (Cynthia), Dindo Angeles (Mario), Ray Villania (Eddie)
Sortie aux Philippines 25 décembre 1981
Présentation au Festival de Cannes (Quinzaine des Réalisateurs) 19 mai 1982
Restauration 4K L'Immagine Ritrovata supervisée par Mike De Leon aux Wildsound Studios de Manille.
Ressortie en salles en 2023
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