Musicien vagabond, Val Xavier (Marlon Brando) échoue à Two Rivers, Mississippi. Il est hébergé pour la nuit au poste de police. Quand elle apprend qu’il cherche du travail, Vee (Maureen Stapleton), la femme du shérif Talbot, lui indique l’épicerie des Torrance, en ville. En l’absence de son mari malade, Lady Torrance (Anna Magnani) engage Val, et tombe bientôt sous son charme. Mais elle a une rivale, Carol (Joanne Woodward), jeune femme nymphomane et alcoolique. Bientôt Torrance (Victor Jory) rentre chez lui…
Avant d’être réadaptée par le dramaturge lui-même pour Sidney Lumet, La Descente d’Orphée, une des premières pièces de Tennessee Williams, s’intitulait Battle of Angels. En 1940, sa représentation fut un fiasco. Très attaché à cette pièce, dans laquelle il exorcisait sa jeunesse sudiste, Williams n’abandonna pas pour autant : il remania son texte des années durant, jusqu’à parvenir à cette nouvelle version, transposant le mythe d’Orphée en plein Mississippi.
L’Homme à la peau de serpent est un échec commercial, aux États-Unis comme en France. Le film est très décrié, s’attirant les foudres de la critique. Jean Domarchi dans Arts (11 janvier 1961) s’emporte violemment : « Je n’ai pas le courage de résumer l’argument de cette monotone descente d’Orphée. Que m’importe qu’il découvre aux Enfers une Eurydice adipeuse, suante et tonitruante si cette découverte est prétexte à éjaculations, à onomatopées et à borborygmes qui n’ont même pas le mérite d’être drôles. Si vous aimez les ondulations de Marlon Brando, les rugissements d’Anna Magnani ou les miaulements hystériques de Joan Woodward, allez-vous faire foutre. »
Plus que le procès du film réalisé par Sidney Lumet, c’est celui de Tennessee Williams qui est fait, de sa langue tempétueuse et d’un certain esprit rebelle qu’il incarne. Dans l’atmosphère lourde et orageuse du vieux Sud, c’est une tragédie grecque qui se joue. Une ambiance moite, sulfureuse, des passions animales. Marlon Brando est l’objet de tous les désirs et de toutes les frustrations. Le comédien campe Val Xavier, un vagabond portant une veste en peau de serpent – c’est un serpent qui a mordu Eurydice le jour de ses noces avec Orphée – et offre au film un sublime monologue. Pour Sidney Lumet, il s’agit d’« un des plus beaux textes de Tennessee Williams. Dans une très belle métaphore, il se compare à un oiseau qui n’a jamais trouvé sa place sur terre. Condamné à errer au-dessus du monde, il ne connaît le soulagement que dans la mort. » (Faire un film, Capricci). Et c’est bien le duo de comédiens qui porte le film. « The Fugitive Kind fut une réussite inattendue. Un Brando d’une discrétion et d’une justesse admirables, une Magnani assagie et nuancée, restituaient le meilleur de la pièce de Williams, sa tendresse et sa compassion. » (Bertrand Tavernier et Jean-Pierre Courdodon, 50 ans de cinéma américain, Omnibus)
L'Homme à la peau de serpent (The Fugitive Kind)
États-Unis, 1960, 2h01, noir et blanc, format 1.66
Réalisation Sidney Lumet
Scénario Tennessee Williams, Meade Roberts,d’après la pièce La Descente d’Orphée de Tennessee Williams
Photo Boris Kaufman
Musique Kenyon Hopkins
Montage Carl Lerner
Décors Eugene Callahan
Costumes Frank Thompson
Production Martin Jurow, Richard Shepherd, Pennebaker Productions
Distributeur Park Circus
Interprètes Marlon Brando (Val Xavier), Anna Magnani (Lady Torrance), Joanne Woodward (Carol Cutrere), Maureen Stapleton (Vee Talbot), Victor Jory (Jabe Torrance), R.G. Armstrong (le shérif Talbot)
Sortie aux États-Unis 14 avril 1960
Sortie en France 6 janvier 1961
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