L’Honneur d’un capitaine

Invités du festival : Nicole Garcia

Durant un débat télévisé consacré à la guerre d'Algérie, le professeur Paulet (Jean Vigny), universitaire respecté et homme de gauche, accuse le capitaine Marcel Caron (Jacques Perrin) d'y avoir pratiqué la torture. Patricia Caron (Nicole Garcia), veuve de l'officier, est révoltée par ces attaques et décide d'intenter un procès en diffamation afin de laver l’honneur de son mari, tombé au combat.

Née à Oran en 1946, Nicole Garcia arrive en France métropolitaine en 1962 et s’inscrit quelques années plus tard au Conservatoire national d'art dramatique où elle obtient un premier prix de comédie moderne. Après quelques apparitions au cinéma, l’actrice est choisie par Bertrand Tavernier pour interpréter le personnage de La Fillon dans Que la fête commence (1975). Ce rôle lui permettra d’être reconnue par le public et la critique. Elle tournera ensuite avec Henri Verneuil, Jacques Rivette, Bertrand Blier, Alain Resnais, Claude Lelouch…

En 1982, Pierre Schoendoerffer lui confie le rôle de Patricia Caron, veuve qui se bat obstinément pour réhabiliter la mémoire de son mari, accusé de torture pendant la guerre d’Algérie, et qui devra faire face au terrible écart entre idéal et réalité. « Cette femme découvre un monde où l'on parle d'honneur mais où on se déchire comme des bêtes, où on se tue. C'est ça l’homme : les deux à la fois ! Il a envie de tuer et de parler de son honneur, tout le temps. Même les voyous ont leur honneur à usage interne. C'est l'une des choses les plus étonnantes, chez l'homme, que ce mélange d'honneur et de sordide. » (Pierre Schoendoerffer)

Lui-même militaire, le cinéaste intègre en 1952 le Service cinématographique des Armées et part en Indochine, où il devient caporal-chef. Après plusieurs années comme caméraman, il est démobilisé et devient alors grand reporter, documentant les grands conflits mondiaux : révolution marocaine, guerre d’Algérie, Viêt-nam… avant de coréaliser (avec Jacques Dupont) La Passe du diable en 1958.

Évoquant un sujet toujours tabou à l’époque, L’Honneur d’un capitaine est construit comme une enquête et met à nu les traumatismes de cette guerre honteuse. Le film complète la trilogie militaire entamée avec La 317^ème section (1965) et Le Crabe-Tambour (1977), tous interprétés par Jacques Perrin. « Le cinéma de Schoendoerffer devient le mausolée des rêves français d'une grandeur défunte et fantasmatique. Il aura mis en scène, non sans mélancolie, des perdants de l'Histoire qui sont aussi des figures que le cinéma français a, la plupart du temps, dédaignées. » (Jean-François Rauger, Le Monde, 14 mars 2012)