Arthur (J. Léo Gagnon), l’oncle fortuné de Roland (René Caron), offre à ce dernier et à sa femme Berthe (Luce Guilbeault)de l’argent afin de les aider à joindre les deux bouts. Mais le couple trouve son cadeau insuffisant. Devant leur réaction, Arthur reprend l’argent. Roland et Berthe projettent alors de le cambrioler, aidé par deux complices. Mais très vite, la situation leur échappe complètement.
« Ce qui m’intéressait, c’était notre condition d’aliénés, "nés pour un petit pain", cette condition de "crottés" en mal de la maudite galette. Car qu’est-ce qui fait que des gens qui ne disent jamais rien, qui endurent, tout à coup, en ont assez, se lèvent et tuent ? » (Denys Arcand, La Presse, 22 décembre 1973) La "galette", c’est cet argent pour lequel une famille va éclater, des amants vont s’entretuer et des bandes rivales s’affronter. Construit comme un film de série B, La Maudite Galetterespecte scrupuleusement la structure et les clichés du film noir américain des années 40 et 50, tout en étant très subversif par son réalisme cru, ses dialogues acerbes et son déchaînement de violence.
En Amérique du Nord, Montréal est, après New York, la ville où les crimes sont les plus nombreux. Partant de ce constat, Denys Arcand décide de porter à l’écran un fait divers sordide. Le récit est d’une mécanique implacable, enchaînant les meurtres, jusqu’à créer un malaise physique. C’est ce trouble qui, selon le cinéaste, permettra de provoquer une réflexion chez le spectateur. La Maudite Galette est le premier long métrage de fiction de Denys Arcand, qui connaîtra plus tard un succès international avec Le Déclin de l'empire américain (1986) et Les Invasions barbares (2003).
« La Maudite Galette, de Denys Arcand, est, je crois, une réussite plus majeure, plus personnelle. Respectant mieux l'ambiguïté du réel, Arcand emprunte le modèle formel du "thriller" américain, du film de Série Noire, pour remonter à rebrousse-poil la société québécoise. Il y montre l'obsession qu'exerce le pouvoir de l'argent, non seulement l'aliénation économique, mais aussi l'aliénation des mentalités. Il met à nu, il met en évidence avec une verve s'appuyant sur un réalisme plus épais, plus rugueux et plus pointilliste que la verve un peu trop anecdotique à laquelle recourt La Vraie Nature de Bernadette [de Gilles Carle, 1972]. » (Albert Cervoni, France Nouvelle, 3 octobre 1972)
La Maudite Galette
Canada, 1972, 1h41, couleurs, format 2.39
Réalisation Denys Arcand
Scénario Jacques Benoit
Photo Alain Dostie
Musique Gabriel Arcand, Michel Hinton, Lionel Thériault
Montage Marguerite Duparc
Décors Jacques Méthé
Production Marguerite Duparc, Pierre Lamy, Cinak Compagnie Cinématographique, Les Productions Carle-Lamy, SDICC - Société de Développement de l'Industrie Cinématographique Canadienne
Interprètes Luce Guilbeault (Berthe), Marcel Sabourin (Ernest), René Caron (Roland Soucy), J. Léo Gagnon (l’oncle Arthur), Gabriel Arcand (Ti-Bi), Jean-Pierre Saunier (Rosaire), Julien Lippé (le père), Hélène Loiselle (la mère), Attila Dory (le photographe), Maurice Gauvin (l'homme aux bagues), Andrée Lalonde (la blonde), Denys Arcand (un détective), Bernard Gosselin (un détective)
Présentation au Festival de Cannes 8 mai 1972
Sortie au Canada 7 septembre 1972
Restauration 4K Éléphant, mémoire du cinéma québécois, effectuée aux laboratoires MELS pour les 50 ans du film.
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