1917, à La Nouvelle Orléans, dans un des bordels du quartier chaud de Storyville. Violet (Brooke Shields), 12 ans, assiste à l’accouchement de Hattie (Susan Sarandon), sa mère. Arrive un jour Bellocq (Keith Carradine), un jeune photographe, qui arrache à la patronne l’autorisation de venir tous les jours photographier ses sujets favoris : les prostituées. Bientôt, il se lie d’amitié avec Violet, qui va bientôt en devenir une à son tour.
Devant la réception de Lacombe Lucien, que beaucoup ont trouvé révoltant, Louis Malle décide de s’exiler aux États-Unis, à la recherche d’un meilleur climat de création. Trois ans avant la réalisation de La Petite, il découvre par hasard le livre Storyville, New Orleans d’Al Rose, panorama historique du Quartier Rouge, de 1880 à 1917 – année de sa fermeture –, contenant une série d’interviews des témoins de cette époque. L’un d’eux, celui d’une certaine Violet, le marque tout particulièrement, au point qu’il décide de réaliser un film d’après son histoire. La plupart des scènes les plus provocantes du film sont ainsi fondées sur des événements réels, évoqués dans le livre. Le photographe Ernest Joseph Bellocq a lui aussi bel et bien existé et est connu pour ses photographies de nus et de prostituées prises à Storyville.
Une fois de plus, et sans surprise, le film est l’objet de controverses. En effet, il traite de sujets particulièrement tabous : la pédophilie et la prostitution enfantine. De plus, il montre nue la toute jeune Brooke Shields. Ce qui choque également, c’est qu’il décrive le bordel comme un cocon protecteur et non comme un véritable enfer pour les femmes, ce qui, pour une partie de la critique, crée une ambiguïté morale malvenue. « De ce sujet scabreux on pouvait tirer un film noir, un mélodrame naturaliste, un réquisitoire justement indigné. Peu doué pour jouer les procureurs, trop habile pour démontrer l'évidence, Louis Malle a adopté un parti résolument contraire. […] Il a tout mis en œuvre pour gommer l'effroyable tristesse de son histoire, pour l'arracher au réalisme. Le bordel qu'il décrit est une sorte de phalanstère familial, où les filles accouchent, allaitent, pouponnent, entre deux "visites", où un pianiste noir improvise des blues sublimes et où les habitués sont de bons garçons rigolards et parfois amoureux. » (Jean de Baroncelli, Le Monde, 24 mai 1978)
Le récit rappellera, évidemment, celui de Lolita de Vladimir Nabokov, servi par la sublime photographie de Sven Nykvist, chef opérateur de Bergman.
La Petite (Pretty Baby)
États-Unis, 1978, 1h50, couleurs, format 1.85
Réalisation Louis Malle
Scénario Polly Platt, Louis Malle
Photo Sven Nykvist
Musique Antonio Fargas, J. Bodewalt Lampe, Scott Joplin, Arthur Marshall, Percy Wenrich, Ferdinand "Jelly Roll" Morton, Kerry Mills, Robert Lowry, Charles Harris …
Montage Suzanne Fenn
Décors Trevor Williams
Costumes Mina Mittelman
Production Louis Malle, Polly Platt, Paramount Pictures
Distributeur Park Circus
Interprètes Brooke Shields (Violet), Keith Carradine (Bellocq), Susan Sarandon (Hattie), Frances Faye (Nell), Antonio Fargas (le "Professeur"), Matthew Anton (Red Top), Diana Scarwid (Frieda), Barbara Steele (Josephine), Seret Scott (Flora), Cheryl Markowitz (Gussie), Susan Manskey (Fanny), Laura Zimmerman (Agnes), Miz Mary (Odette)
Sortie aux États-Unis 5 avril 1978
Présentation au Festival de Cannes 22 mai 1978
Sortie en France 24 mai 1978
Remerciements à Paramount
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