Professeur dans une clinique de Vienne, Ignác Semmelweis (Tivadar Uray), médecin obstétricien, s’alarme : de nombreuses patientes meurent de fièvre puerpérale après leur accouchement. Il entreprend de comprendre les raisons de cette infection. Lorsqu’il découvre que la solution serait une simple question d’hygiène, la communauté scientifique refuse de le croire.
Ignác Semmelweis est une figure importante de l’histoire de la médecine en Hongrie. Son travail sur les maladies infectieuses et le rôle primordial de l’hygiène a beaucoup été étudié (il fut le sujet de la thèse de médecine de L.-F. Céline), au point d’être surnommé le « sauveur des mères ».
Semmelweis est un des rares longs métrages biographiques du cinéma hongrois. Débutant avec légèreté (les années étudiantes de Semmelweis), le film s’assombrit à mesure que le professeur est ostracisé par ses pairs. Car la communauté scientifique admet difficilement que ses praticiens ont pu être passeurs de maladies, eux dont l’objectif premier est de sauver des vies. Le conflit est également intime : bien qu’il ait découvert la cause de ces décès et trouvé une solution, Semmelweis se rend compte que lui aussi a peut-être donné la mort par négligence. L’image, signée par le fidèle chef-opérateur István Eiben, souligne des contrastes ombre-lumière forts, des positions de caméra inclinées… Un accent expressionniste pour souligner la lutte personnelle de Semmelweis qui décèdera tragiquement dans un asile, dans des circonstances longtemps controversées.
Semmelweis marque un tournant décisif dans la carrière et, plus globalement, dans la vie d’André De Toth. Pendant le tournage, un cinéaste l’interpelle : s’il avait été juif, il n’aurait pas pu travailler autant ; il n’aurait d’ailleurs simplement pas pu tourner. En effet, à la suite de la promulgation des lois antijuives de 1938, de nombreux artistes ne peuvent plus travailler, et de nouveaux réalisateurs, non soumis à la loi, se voient offrir des opportunités. De Toth refuse de profiter d’un avantage aussi répugnant. Il veut simplement prouver qu’il a du talent. « Je voulais juste foutre le camp de là. Ça m'a fait mal à l'époque, mais, en fait, c'est la meilleure chose qui me soit arrivée. » (André De Toth, in De Toth on De Toth – Putting the Drama in Front of the Camera, Anthony Slide, Faber and Faber). À peine le film terminé, il saute dans un train, direction le Royaume-Uni où il travaillera auprès d’un autre Hongrois, Alexander Korda, installé à Londres depuis 1932, avant de partir aux États-Unis. Il ne retournera pas en Hongrie avant 1987.
La Vie du docteur Semmelweis (Semmelweis)
Hongrie, 1939, 1h18, noir et blanc, format 1.37
Réalisation André De Toth (Endre Tóth)
Scénario Vilmos Müller, József Babay, László Bihari, László Kalmár, Sándor Nagymihály
Photo István Eiben
Musique Karl Fröhlich
Production Mester Film
Interprètes Tivadar Uray (Semmelweis), Erzsi Simor (Mici), Artúr Somlay (le professeur Rokitanszky)
Sortie en Hongrie 12 janvier 1940
Restauration par le National Film Institute de Hongrie et proposée en exclusivité au festival Lumière
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