Japon, ère Meiji. Sayo (Miyoko Akaza) voit son époux et son fils assassinés par des brigands, avant d’être violée par ces derniers. Emprisonnée pour avoir tué l’un d’eux, elle sombre dans la folie. Enceinte d’un de ses geôliers, elle lance une malédiction avant de mourir : son enfant à naître ne vivra que pour la venger.
À la fin de son contrat avec les studios Toei et du quatrième opus de la série La Femme scorpion, Meiko Kaji rejoint la Toho. Le studio décide lui aussi de lancer sa série et d’adapter le manga de Kazuo Koike (auteur de Lone Wolf and Cub qui inspirera la série des Baby Cart) et Kazuo Kamimura. Et c’est à la demande de Koike lui-même que l’actrice se voit offrir le rôle de la princesse Yuki.
Formée aux arts martiaux et au maniement du sabre dès l’enfance, Yuki est destinée à assouvir la vendetta familiale. Elle parcourt le Japon à la recherche des bourreaux de ses parents et devient Lady Snowblood, en japonais « Shurayuki-hime », littéralement « princesse neige-carnage » (en japonais, les termes « blanc », shira, et « carnage », shura, sont phonétiquement proches).
Conte sur le destin et le prix de la vengeance, saga d’une quête constamment insatisfaite, Lady Snowblood oscille entre cruauté et beauté, déferlement de sang et flocons de neige. Par sa mise en scène et la flamboyance plastique de son récit, Toshiya Fujita insuffle de la poésie dans le carnage. Chaque plan est composé avec soin : couleurs contrastées, longues séquences tournées caméra à l’épaule, arrêts sur image ou insertions de dessins du manga original. Les choix formels sont forts, la mise en scène furieuse : une violence esthétique et pop pour un récit nihiliste.
Meiko Kaji, regard intense dans un visage impassible, est puissante et implacable. Son personnage a inspiré Quentin Tarantino pour celui de O-Ren Ishii dans Kill Bill. Le cinéaste a poussé l’hommage plus loin en reprenant le thème de la quête vengeresse, le découpage du récit en chapitres, ainsi que la chanson Flower of Carnage, interprétée par Meiko Kaji, insérée dans sa BO.
« Sans être un spécialiste du chambara ou du film d’horreur, Toshiya Fujita a réussi avec Lady Snowblood un sommet du cinéma d’ultra-violence, dont les débordements sanglants surprennent encore aujourd’hui et rivalisent avec les pires excès du cinéma gore. Le robinet d’hémoglobine a été ouvert en grand et ce sont des mares et de puissants geysers rouges qui concluent les mises à mort de Princesse Yuki, avec des finales dantesques associant à deux reprises des carnages aux couleurs du drapeau japonais, dans un ultime geste anarchisant et provocateur. » (Olivier Père, Arte.fr, octobre 2015)
Lady Snowblood (Shurayuki-hime)
Japon, 1973, 1h37, couleurs, format 2.35
Réalisation Toshiya Fujita
Scénario Norio Osada, d’après le manga éponyme de Kazuo Kamimura et Kazuo Koike
Photo Masaki Tamura
Musique Masaaki Hirao
Montage Osamu Inoue
Décors Kazuo Satsuya
Chorégraphie des combats Kunishiro Hayashi
Production Toei Company
Interprètes Meiko Kaji (Yuki / Shurayuki-hime), Toshio Kurosawa (Ryurei Ashio), Masaaki Daimon (Go Kashima), Miyoko Akaza (Sayo Kashima), Shinichi Uchida (Shiro Kashima), Takeo Chii (Tokuichi Shokei)
Sortie au Japon 1er septembre 1973
Sortie en France 10 juillet 1974
Restauration Criterion
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