Larry Flynt

Lumière Classics

Larry Flynt (Woody Harrelson) tient un petit cabaret minable avec son frère. Pour attirer le public, il décide de créer Hustler, un magazine pornographique encore plus cru que ses concurrents. La revue fait scandale mais remporte un immense succès. Attaqué en justice, Larry se défend en brandissant le premier amendement de la Constitution américaine, relatif à la liberté d’expression.

Produit par Oliver Stone, et scénarisé par Scott Alexander et Larry Karaszewski (auteurs pour Tim Burton d’Ed Wood, 1994 et de Mars Attacks!, 1996), Larry Flynt est d'abord le portrait du fondateur d'un empire, celui du magazine pornographique Hustler, dont l'ascension et le succès incarnent le rêve américain du self-made man.

On assiste au destin d'un homme qui se brise (au propre comme au figuré), puis se relève. Avec des dialogues fidèles aux enregistrements de l’époque, ce biopic tend vers le documentaire. Portrait de l'Amérique des années 70 et 80, le film de Milos Forman porte un regard particulièrement singulier sur ce que le pays a de plus complexe : son rapport avec le sexe et la morale. Plaidoyer pour la liberté d'expression, le film décrit les méandres de la justice américaine et l'application du premier amendement que Flynt défend brillamment. Mais l’œuvre dénonce aussi une Amérique hypocrite, à travers un traitement satirique de la nudité-marchandise (car Hustler, aussi pornographique qu’il soit, est avant tout un business), du patriotisme feint (la couche faite d'un drapeau américain que Larry porte à son procès) et de la fausse piété de ses opposants, comme de Flynt lui-même lors de sa crise mystique. La folie guette les personnages, comme souvent chez le cinéaste : celle de Larry Flynt ou celle de sa femme droguée, son alter ego, Althea Leasure, admirablement jouée par Courtney Love. Superbe histoire d’amour, le film montre comment, dans un milieu où l'on s'attend à tous les clichés sur la pornographie, Larry et Althea forment un couple qui résiste aux drames qu'il traverse.

« Quoi que vous pensiez de la pornographie, Larry Flynt est quelqu’un de fascinant : aujourd’hui encore, je suis incapable de vous dire s’il est un authentique défenseur des libertés ou s’il n’est qu’un exploiteur répugnant des plus bas instincts de l’homme. Sans doute les deux. » (Milos Forman, Télérama, 19 février 1997)