Le Crime de l'Orient-Express

Sidney Lumet

Décembre 1935. L’Orient-Express quitte Istanbul pour gagner Calais. Grâce à Bianchi (Martin Balsam), directeur de la Compagnie des Wagons-Lits, Hercule Poirot (Albert Finney), le célèbre détective belge, a pu trouver une couchette au dernier moment. Alors que le train est bloqué par la neige en Yougoslavie, un homme, Ratchett (Richard Widmark), est assassiné. En attendant l’arrivée de la police, Bianchi demande à Poirot d’entamer l’enquête. Celui-ci découvre que la victime était un criminel…

Comment transposer, pour la première fois sur grand écran, un roman policier qui tient lieu d’institution ? Comment donner vie à des personnages si célèbres, à une intrigue que tout le monde connaît et tenir en haleine des spectateurs qui n’ignorent pas, a priori, le dénouement de l’histoire ?

Adapter Le Crime de l’Orient-Express, l’un des romans les plus populaires d’Agatha Christie, était une gageure pour Sidney Lumet. Le cinéaste décide de suivre l’architecture du livre pour ne pas dénaturer ce qui en fait le sel : un huis clos, un crime, une galerie de personnages et tous, de potentiels coupables. Car tous sont des meurtriers en puissance. Et au vu du passé criminel de Ratchett, lardé de coups de couteau, la personnalité des passagers est éclairée d’une lumière nouvelle.

Baignant dans une atmosphère rétro, des décors et costumes somptueux, la distribution est éblouissante : Lauren Bacall, Ingrid Bergman, Sean Connery, Richard Widmark, Jacqueline Bisset, Anthony Perkins, Vanessa Redgrave, Albert Finney… Chacun peut alors jouer sa partition. Ingrid Bergman recevra l’Oscar du meilleur second rôle (sic) pour son interrogatoire, filmé en plan séquence. Pour le critique Henri Béhar, « c’est un festival de grands numéros de chevaux de cirque, pour leur plaisir comme pour le nôtre. Tous les excès sont permis. C’est pour jouer. Jouons ensemble. » (Image et Son / La Revue du Cinéma n° 296, mai 1975) Et de conclure : « Film musical, sans musique, superbement photographié par Geoffrey Unsworth (Cabaret, 2001 L’Odyssée de l’espace), Le Crime de l’Orient-Express est une délicieuse extravagance, parfaitement inutile, mais tout à fait plaisante. Du cinéma-spectacle qui paie, et paie comptant. » (art. cit.)