Le Dernier empereur

Lumière Classics

Pékin, 1908. Un enfant de 3 ans est enlevé à sa mère et conduit au sein de la Cité interdite, au cœur de la capitale de la Chine traditionnelle. Son nom : Pu Yi (Richard Vuu). Quelques jours plus tard, il monte sur le trône impérial. Promu au rang de Fils du Ciel, Pu Yi règne désormais sur la moitié de la population mondiale…

Après l’insuccès du trop ignoré La Tragédie d’un homme ridicule (1981), Bernardo Bertolucci décide de se consacrer à un projet à l’envergure plus ample : le destin de Pu Yi, dernier souverain de la dynastie mandchoue, mort en 1967 en pleine Révolution culturelle. Le Dernier Empereur, fresque spectaculaire, est pour le réalisateur le projet le plus difficile et le plus fascinant qu’il ait conçu. Investi plusieurs années en amont du tournage, Bertolucci rassemble une immense documentation avant de porter à l’écran ce voyage de l’ombre à la lumière, et peindre Pu Yi en anti-héros des temps modernes.

Aux côtés des excellents interprètes de Pu Yi, de Joan Chen et de Maggie Han, Peter O’Toole incarne de façon magistrale le personnage de Reginald Johnston, idolâtré par le jeune empereur. Loin de répondre à des questions que l’Histoire n’a pas toujours réglées, notamment sur la vraie personnalité de celui-ci, Bertolucci s’intéresse au vide qui a empli cette existence, construite autour d’un rigoureux protocole et auréolée de mystère.

« Pékin ? Je me suis tourné vers l'Orient parce je sentais un grand malaise à vivre. Je ne me voyais plus capable de représenter le présent occidental, ou plutôt le présent ne désirait pas être filmé par moi. Mes allers et retours en Chine me font en tout cas regarder l'Europe avec plus de tolérance. […] Au fond, une couleur restera pour moi le lien subtil entre ma ville natale et Pékin : le fameux jaune impérial. C'est fou ce qu'il ressemble à l'ocre des murs de Parme... » (Bernardo Bertolucci, Le Nouvel Observateur, 20 novembre 1987)

Premier long métrage autorisé à filmer la Cité interdite, Le Dernier Empereur remporte neuf Oscars : meilleurs film, réalisateur, adaptation, photographie, costumes, décors, montage, musique originale et son ! S’éloignant désormais de la réalité italienne contemporaine, Bernardo Bertolucci signera ensuite Un thé au Sahara (1990), puis Little Buddha (1993), ne revenant tourner sans son pays qu’en 1996 (Beauté volée).