Ravagé par l'alcool et le désespoir, Alain Leroy (Maurice Ronet) vient de suivre une cure de désintoxication dans une clinique de Versailles. Envahi par un irrésistible dégoût de la vie, il rompt l'un après l'autre les derniers liens qui le retenaient. Il abandonne la jolie Lydia (Léna Skerla) qui voulait le sauver, il résiste à son médecin qui tentait de le réconcilier avec sa femme, il rencontre par hasard un ami d'autrefois (Bernard Noël), embourgeoisé et insupportable. Grâce à Jeanne (Jeanne Moreau), il retrouve d'autres vieux complices, mais ils ont sombré dans la drogue. Au cours d'une soirée, la rencontre de Solange (Alexandra Stewart) sera son ultime chance qu'il laisse pourtant passer. Quoi qu'il arrive, Alain Leroy a décidé de se suicider le 23 juillet.
Louis Malle aimait dire que Le Feu follet était le premier film dont il était entièrement satisfait. Adapté du roman éponyme de Drieu la Rochelle – celui-ci inspiré par son ami, l’écrivain Jacques Rigaut –, le film est d’une grande noirceur.
Le personnage d’Alain Leroy est un homme fatigué, brisé par ses fêlures. Pour autant, il reste mordant, vif et cynique. Bien décidé à se donner la mort, il entame, pour ses dernières heures, une "tournée d’adieu". Il revoit ses camarades d’illusions. De chacune de ses rencontres ressort une conviction : son choix est le bon. « Comme la vie sait nous humilier. »
Louis Malle fait déambuler son personnage solitaire dans une ville devenue fantomatique, et l’enferme dans ses réflexions. Solitude, marche nocturne, introspection, ce sont là des thèmes chers au cinéaste.
Musique de Satie, intensité des plans resserrés sur des mains ou des visages, beauté d’un noir & blanc à la Bresson… Et puis, il y a Maurice Ronet incarnant physiquement le désespoir de vivre, une existence à la dérive. Ce personnage à la Fitzgerald constitue le rôle de sa vie pour l’acteur, qui, quasiment envoûté, ne jouera la plupart du temps par la suite que des rôles sombres et tourmentés.
« Le suicide et l'alcool, qui donnent au drame son diapason, ne sont pas l'essentiel de ce dont a voulu nous parler Louis Malle à travers cette adaptation d'un roman de Drieu la Rochelle, mais plutôt l'extrême délicatesse qui fonde les rapports entre les êtres et les règles les plus dirimantes du beau jeu de société. Il y apporte une maturité, une expérience à peine concevable chez quelqu'un d'aussi jeune. On se prend à penser que Louis Malle excelle dans l'art ingrat d'aimer attentivement son prochain, tant chaque détail du film est un gage de sollicitude qui chante à notre sensibilité. Si bien qu'on ne sort pas du récit bouleversant aussi désespéré qu'on pourrait le supposer, mais plutôt étreint par cette mélancolie radieuse que donnent les images de la beauté et de la vérité. » (Antoine Blondin, L’Avant-Scène Cinéma n°30, octobre 1963)
Le Feu follet
France, 1963, 1h49, noir et blanc, format 1.66
Réalisation Louis Malle
Assistant réalisation Volker Schlöndorff
Scénario Louis Malle, d’après le roman éponyme de Drieu la Rochelle
Photo Ghislain Cloquet
Musique Erik Satie
Montage Suzanne Baron
Décors Bernard Evein
Costumes Gitt Magrini
Production NEF - Nouvelles Éditions de Films
Distributeur Malavida
Interprètes Maurice Ronet (Alain Leroy), Bernard Noël (Dubourg), Léna Skerla (Lydia), Jeanne Moreau (Jeanne), Alexandra Stewart (Solange), Yvonne Clech (Mademoiselle Farnoux), Hubert Deschamps (d'Averseau)
Présentation à la Mostra de Venise 2 septembre 1963
Sortie en France 15 octobre 1963
Sortie en salles le 9 novembre 2022 par Malavida dans une rétrospective consacrée à Louis Malle
Remerciements à Gaumont
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