Sol Nazerman (Rod Steiger) a émigré aux États-Unis. Juif allemand, rescapé d’Auschwitz, il y a perdu son épouse et ses enfants. Désormais, il est prêteur sur gages à Harlem. Il a pour employé un jeune délinquant, Jesus Ortiz (Jaime Sanchez), bien décidé à gagner sa vie légalement. Sol accepte de blanchir l’argent d’un truand…
Le Prêteur sur gages est un film noir, particulièrement oppressant. Sol Nazerman, retranché derrière les grilles de son échoppe, ne croit plus en rien, ni en Dieu, ni dans les hommes. Il se coupe de tout sentiment, basant son commerce sur les difficultés et les déroutes de ses clients. Les souvenirs des camps lui reviennent par flashs. Il se retire peu à peu du monde, refuse tout lien avec Ortiz, son employé qui cherche à apprendre auprès de lui comment mener une affaire honnêtement. Sol veut disparaître.
Une nouvelle fois, le film de Sidney Lumet est mal reçu. Le réalisateur tourne en grande partie dans les rues de New York, en son direct : on lui reproche alors des influences européennes trop marquées (Resnais, la Nouvelle Vague…), voire un manque de style. Rod Steiger, granitique, se voit récompensé au Festival de Berlin : on l’accuse d’exécuter une performance « à Oscar ». Et les communautés noires et juives protestent, se sentant insultées. Pourtant, Le Prêteur sur gages est un film humaniste, montrant à quel point le souvenir des camps d’extermination contamine mémoire et vie quotidienne. Encore aujourd’hui, il est un des rares films américains à l’avoir fait.
Des années plus tard, Le Prêteur sur gages trouve sa place dans la filmographie de Lumet et dans l’Histoire du cinéma américain, alors à un tournant. « Reste le film, avec son magnifique noir et blanc de Boris Kaufman et sa partition audacieuse de Quincy Jones. Oui, l'interprétation de Steiger est fortement marquée par les maniérismes souvent attribués à l'Actors Studio : mais cette performance ne contient pas moins des moments forts, d'autant que Steiger a d'excellents partenaires comme Geraldine Fitzgerald ou Brock Peters. […] Le long métrage de Lumet est à la charnière entre deux moments du cinéma américain, entre la production indépendante et le classicisme hollywoodien déclinant, entre le récit classique et la pulvérisation qu'en proposaient alors les cinématographies européennes. […]The Pawnbroker est enfin proposé à des cinéphiles qui ignoraient ce film essentiel. » (Christian Viviani, Positif n° 732, février 2022)
Le Prêteur sur gages (The Pawnbroker)
États-Unis, 1964, 1h55, noir et blanc, format 1.85
Réalisation Sidney Lumet
Scénario Morton Fine, David Friedkin,d’après le roman éponyme de Edward Lewis Wallant
Photo Boris Kaufman
Musique Quincy Jones
Montage Ralph Rosenblum
Décors Richard Sylbert, Jack Flaherty
Costumes Anna Hill Johnstone
Production Philip Langner, Roger Lewis, Landau Company, The Pawnbroker Company
Distributeur Park Circus
Interprètes Rod Steiger (Sol Nazerman), Geraldine Fitzgerald (Marilyn Birchfield), Brock Peters (Rodriguez), Jaime Sanchez (Jesus Ortiz), Thelma Oliver (la petite amie d'Ortiz), Marketa Kimbrell (Tessie), Baruch Lumet (Mendel)
Présentation à la Berlinale 2 juillet 1964
Sortie aux États-Unis 20 avril 1965
Sortie en France 10 janvier 1968
Remerciements à Paramount
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