Le Village maudit

Sublimes moments du muet / Lumière Classics

Au début du XX^e siècle, à Luján, un petit village espagnol extrêmement pauvre, Juan de Castilla (Pedro Larrañaga)peine à survivre dans sa ferme, où il vit avec sa femme Acacia (Carmen Viance), son fils et son beau-père aveugle. Chaque année, les conditions météorologiques entraînent la perte des récoltes et la population est persuadée que le village est maudit, ce qui la pousse à l’exode.

Sorti en 1930, Le Village maudit est l’une des œuvres mythiques de l’histoire du cinéma espagnol. Avec une esthétique fortement inspirée du cinéma soviétique, dans ses effets de montage et son style direct, le film aborde des sujets d’une modernité étonnante pour son temps, notamment le patriarcat et l’exode rural. « Le Village maudit n'a pas son équivalent dans le cinéma occidental de l'époque. Un néoréalisme espagnol aurait pu naître vingt ans plus tôt... » (Raymond Borde, Positif n°48, octobre 1962)

Réalisé à l’époque de l’avènement du son, le film est tourné en deux versions : une sonore et une muette. Perdu pendant de nombreuses années, Le Village maudit n’est retrouvé que dans sa version muette. Florián Rey réalisera un remake de son propre film en 1942, sous le même titre.

En 1968, le critique et historien du cinéma Emilio Sanz de Soto publie une lettre dans les Cahiers du cinéma, appelant à sauver et montrer cette œuvre méconnue en France : « La aldea maldita, de Florián Rey, est l'unique, le seul chef-d'œuvre du cinéma muet espagnol. Il en existe une copie à la Cinémathèque de Madrid. Mauvaise copie, mais elle existe. Ce serait intéressant de la faire parvenir à Langlois. André Labarthe a vu avec moi une rétrospective de Florián Rey à San Sebastián et nous avons été très surpris par l'indiscutable instinct créateur de ce réalisateur presque ignoré dans les Histoires du cinéma. Chose curieuse le premier article publié par Buñuel sur le cinéma fut un éloge de Florián Rey, né en Aragon, comme lui... et Goya. » (Cahiers du cinéma n°205, octobre 1968)

Dans les années 80, la Filmoteca española commande la restauration du Village maudit à Juan Mariné, célèbre directeur de la photographie espagnol. En 2020, pour commémorer le centenaire de la naissance de ce dernier, elle demande au musicien et producteur Raül Refree un nouvel accompagnement musical.