Fin du XXe siècle. Orphelin sous la tutelle de son oncle, Georges Randal (Jean-Paul Belmondo) revient à Paris, où il pense épouser Charlotte (Geneviève Bujold), sa cousine. Ne l'attendent que des désillusions : l'oncle a détourné sa fortune et sa cousine est promise à un autre. Par dépit et par vengeance, il vole les bijoux des futurs beaux-parents et s'enfuit. Georges rencontre l'abbé Lamargelle (Julien Guiomar) qui dirige une bande de truands, à Bruxelles. Il devient rapidement une figure importante des milieux interlopes.
En rentrant du tournage de Viva Maria !, Louis Malle découvre, grâce à son édition en format poche, le roman Le Voleur de Georges Darien, écrivain libertaire, prisé par des surréalistes comme André Breton. Le cinéaste a pour le personnage-titre « un coup de foudre, une réelle fraternité ».
Comme l’œuvre originale, Le Voleur est une charge contre la société bourgeoise, contraignante et moralisatrice. Dans un mouvement de défi, Georges Randal, jeune homme de bonne famille que tout destinait à une vie rangée, selon les codes en vigueur, rejette son milieu et devient cambrioleur. Et ce n’est pas avec l’élégance du futur Arsène Lupin qu’il travaille : il démonte, casse, brise, ne range rien. Née d’une vengeance, son métier devient vocation. Car il contient en creux le profond dégoût de l’univers dont il était le produit. Le Voleur est un film d’une noirceur et d’un désespoir absolus. Il est aussi l’aveu d’une défaite. Tout en le rejetant vivement, Georges Randal est dévoré par cet univers hypocrite. À la fin, il revient au point de départ.
Pour incarner cet homme de sang-froid, cynique et solitaire, Louis Malle engage Jean-Paul Belmondo. Le meilleur choix : le roman est un des livres de chevet de l’acteur. La sobriété de Belmondo est merveilleuse, sa mélancolie palpable. « Belmondo était un enfant de la bourgeoisie, éloigné du voyou d'À bout de souffle, rôle qui l'imposa au firmament du cinéma français. Il trouvait dans l'histoire de Darien une résonance inhabituelle. Son personnage déclare "Je fais un sale métier mais j'ai une excuse : je le fais salement". À cette époque, l'acteur est à la fois le visage de la Nouvelle Vague et un cascadeur, héritier de Douglas Fairbanks et de Harold Lloyd, comme il le prouve dans L'Homme de Rio, de Philippe de Broca. Un acteur d'une extrême élégance dont il imprègne son personnage de voleur. Son interprétation est un acte d'agression contre la bourgeoisie autant qu'un hommage à sa propre dextérité. Belmondo est beau – d'une beauté qu'il ne s'autorisera presque plus par la suite – et défait, désespéré, mélancolique. L'incarnation d'une époque qu'il vomit. Un homme qui semble regretter d'exister. Et qui nous rappelle combien, avant de devenir "Bébel", Jean-Paul Belmondo fut un très grand comédien. » (Samuel Blumenfeld, M – Le magazine du Monde, 2 décembre 2017)
Le Voleur
France, Italie, 1967, 2h02, couleurs, format 1.66
Réalisation Louis Malle
Scénario Louis Malle, Jean-Claude Carrière, d’après le roman éponyme de Georges Darien
Dialogues Daniel Boulanger
Photo Henri Decaë
Musique & montage Henri Lanoë
Décors Jacques Saulnier
Costumes Paulette Breil, Ghislain Uhry
Production Georges Laurent, J.F. Malle, Alain Quefféléan, NEF - Nouvelles Éditions de Films, Les Productions Artistes Associés,
Compagnia Cinematografica Champion
Distributeur Malavida
Interprètes Jean-Paul Belmondo (Georges Randal), Geneviève Bujold (Charlotte), Marie Dubois (Geneviève), Julien Guiomar (Lamargelle), Françoise Fabian (Ida), Paul Le Person (Roger-la-Honte), Martine Sarcey (Renée), Marlène Jobert (Broussaille), Bernadette Lafont (Marguerite)
Sortie en France 22 février 1967
Sortie en salles le 9 novembre 2022 par Malavida dans une rétrospective consacrée à Louis Malle
Remerciements à Gaumont
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