Le Voyage fantastique

Lumière Classics

Après avoir découvert la formule capable de réduire le corps humain à des proportions microscopiques, le professeur Benes (Jean Del Val) est victime d'un attentat dont il sort grièvement blessé. Pour le sauver, les savants américains décident d’introduire dans son corps des médecins « miniaturisés » qui pourront le soigner au plus près.

C’est à Richard Fleischer, grand maître du cinéma d’aventures, du grandiose 20.000 lieues sous les mers (1954) au superbe Les Vikings (1958), qu’est confiée la réalisation du Voyage fantastique. Devenu un classique du cinéma d’anticipation et de science-fiction, le film est une aventure hallucinatoire aux allures de comics. Le sous-marin qui transporte l’équipe de médecins microscopiques explore un corps humain comparable à des attractions de fête foraine : on traverse un cerveau empli de toiles d’araignées et parcouru de feux follets, des cavités pulmonaires psychédéliques... Les personnages se déplacent en combinaison de plongée dans les différents fluides corporels, comme dans un univers aquatique. Ces décors et cette esthétique saisissants seront récompensés en 1967 par l’Oscar des meilleurs décors et de la meilleure direction artistique en couleurs. Dans le cadre de la promotion du Voyage fantastique, Salvador Dalí peint un tableau dont Raquel Welch, actrice principale du film, sera le modèle. 

« La poésie naît toujours d'un changement d’échelle, d’un décalage de vision. Quels que soient les défauts et les limites d'un tel film, au niveau du scénario et de l'interprétation, il touche aux sources les plus secrètes du merveilleux poétique par le radical changement d'échelle qu'il nous propose : l'homme, cet inconnu, intercalé entre deux autres inconnus, celui de l'infiniment petit et de l'infiniment grand, est aussi riche de mystère que le cosmos ou l'atome. Il est en lui-même un univers dont nous ignorons ou ne pouvons que pressentir l'apparence et le mouvement internes. […] Le pouvoir de l'image est ambigu, qui a pour effet, par son réalisme et sa précision, d'édulcorer ce que l'imagination nous suggère, mais, d'autre part, il invente et traduit ce qui nous est invisible, et ce surgissement de l'invisible, si contestable ou dérisoire que puisse nous en paraître la matérialisation cinématographique est un miracle auquel on ne peut rester insensible. » (Michel Capdenac, Les Lettres françaises, 12 janvier 1967)