En tournée dans la province suédoise, une troupe joue Lysistrata d’Aristophane. Bientôt les trois comédiennes (Bibi Andersson, Harriet Andersson, Gunnel Lindblom) s’interrogent sur leur propre condition de femmes.
Les Filles est un film complexe, qui mêle présent et passé, fiction et réalité, théâtre et vie réelle. Il penche parfois vers l’onirisme et le surréalisme, ou l’excès, comme dans cette scène folle où, dans un cinéma, des dizaines de femmes bombardent de tous les projectiles imaginables l’écran où apparaissent les images de Johnson, de Gaulle, Hitler, Nasser… Un véritable jeu de massacre.
Mai Zetterling actualise la révolte de Lysistrata, un texte écrit en 411 avant J.C. C’est en le jouant que les comédiennes prennent conscience de leur condition et que naît leur lutte. À force de tournées fatigantes, de cynisme de la part des hommes, d’indifférence de la part du public, ces comédiennes, lasses, font des rapprochements entre le texte de la pièce et leurs propres vies. Lors d’une représentation, Bibi Andersson interroge un public somnolent : Aristophane lui apporte-t-il autre chose que le divertissement d’une soirée ?
Le film est très diversement apprécié par la critique française en 1969. La question posée par Bibi Andersson pourrait être posée aux spectateurs des Filles : le film les bouscule-t-il ou est-ce un simple divertissement ? Le propos est jugé trop simpliste, voire caricatural ; les questions soulevées, imaginaires. Le film est un échec. Certains (pour la plupart, des critiques masculins)jugent le film trop partial : tous les hommes sont mis dans le même sac.
Quelques années plus tard, le film revient sur les écrans : « En 68, c'était peut-être une avant-garde, aujourd'hui je pense que nous sommes synchrones, ces filles et nous, les filles et vous. Et puis le propos pacifiste et féministe de Mai Zetterling est servi par une technique prodigieuse de l'image et du montage. Bon, puisqu'il faut citer une référence, citons celle que les initiés attendent, la voilà : Mai Zetterling, après avoir été comédienne, fut l'assistante d'Ingmar Bergman pour plusieurs films. Ça y est, c'est fait. C'est de la poésie tout simplement, mettant à l'épreuve la réalité. Poésie dure, parfois brutale jusque dans le grain de l'image, le contraste, le rythme. Parfaitement adéquate au propos. » (Françoise Oukrate, La Revue du cinéma / Image et son n°298, septembre 1975)
Les Filles (Flickorna)
Suède, 1968, 1h40, noir et blanc, format 1.66
Réalisation Mai Zetterling
Scénario Mai Zetterling, David Hughes
Photo Rune Ericson
Musique Michael Hurd
Montage Wic Kjellin
Décors Charles Delattre
Costumes Ulla-Britt Söderlund
Production Göran Lindgren, Sandrews
Interprètes Bibi Andersson (Liz Lindstrand), Harriet Andersson (Marianne), Gunnel Lindblom (Gunilla), Gunnar Björnstrand (Hugo), Erland Josephson (Carl)
Sortie en Suède 16 septembre 1968
Sortie en France 6 juin 1969
Restauration Swedish Film Institute
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