Les Noces barbares

Lumière Classics

Violée par un soldat américain, Nicole (Marianne Basler), à peine adolescente, donne naissance à Ludovic.  Haï par sa trop jeune mère et ses grands-parents, l’enfant vit caché dans un grenier. La situation ne s'arrange guère après le mariage de Nicole avec Micho (André Penvern), brave et riche mécanicien. Malgré la protection de ce dernier, Ludovic est placé par sa mère dans une institution pour retardés mentaux.

En 1987, Marion Hänsel porte à l’écran le Prix Goncourt 1985, Les Noces barbares de Yann Queffélec. L’adaptation d’œuvres romanesques n’est pas un exercice nouveau pour la réalisatrice ; elle a ainsi porté à l’écran Le Lit (d’après Dominique Rolin) en 1982 et Dust (d’après J.M. Coetzee) en 1985.

D’une dimension tragique rare, Les Noces barbares est parfaitement maîtrisé, tant sur le plan technique que sur celui de la direction d’acteurs ; la cinéaste, avec une grande pudeur, évite le mélodrame et le misérabilisme en adaptant ce récit d’une noirceur asphyxiante. Marion Hänsel choisit de garder l’intégralité du récit, mais en en modifiant la chronologie. En effet, commencer le film par la scène de viol (comme dans le roman), rendrait impossible de garder une intensité du même ordre pendant toute la narration. Elle écrit, seule, de nombreuses versions du scénario, qu’elle envoie à Yann Queffélec afin que celui-ci lui fasse part de ses remarques. Mais très vite, elle décide de s’éloigner du texte et de construire son film en flashbacks, raccourcissant des passages et supprimant des personnages. Ainsi, elle veut donner plus de place à celui de Nicole et offrir au spectateur la possibilité de la comprendre, de l’accepter.

« Je savais que le temps d'un roman n'est pas le temps d'un film. Qu'il faut élaguer, couper, transformer, laisser le réalisateur faire son métier et disposer de l'histoire. Dans la mesure où ce qu'il propose n'est pas une mutilation mais le passage du texte à l’image avec tout ce que cela implique comme différence de construction. Bousculer la chronologie n'est pas grave si l'esprit, le sens des personnages et des situations sont maintenus. J’ai retrouvé, dans ce qu'a fait Marion, Nicole et Ludo tels que je les avais imaginés. À partir de ce moment-là qu'importe si le suivi romanesque est changé. Elle a dû mettre au début du film ce qui est la fin de mon livre, rejeter le viol au deuxième acte, pour bien faire comprendre que les deux acteurs qui jouent Ludo sont un même personnage. Pourquoi pas ? » (Yann Queffélec)