Lillian Gish

Jeanne Moreau réalisatrice

New York, été 1983. Jeanne Moreau part à la rencontre de Lillian Gish afin de réaliser un portrait filmé de l’actrice. La vedette du cinéma muet américain la convie dans son appartement et revient sur sa carrière depuis ses débuts en 1913. Elle évoque ainsi les conditions de tournage lorsqu’elle était enfant, le premier blockbuster hollywoodien, Naissance d’une nation de D. W. Griffith (1915), et sa passion pour le cinéma, guidée par une curiosité inépuisable.

Fascinée par le cinéma hollywoodien et ses vedettes, Jeanne Moreau présente durant l’automne 1982, sur Radio Monte-Carlo, une série d’émissions sur les grandes stars d’Hollywood, en effectuant elle-même toutes les recherches sur le sujet. Cette expérience fait naître en elle le désir de les filmer. La même année, elle crée la société Capella Films avec Klaus Hellwig, producteur et ami. Ensemble, ils souhaitent réaliser, en 16mm, des portraits d’actrices pour la télévision. Le premier épisode de ce programme est consacré à Lillian Gish, une héroïne pour Jeanne Moreau.

Les deux femmes se rencontrent par hasard à New York, dans un restaurant. Il se passe alors ce que Jeanne Moreau dépeindra comme « un coup de foudre », lors de son discours pour la remise du Life Achievement Award de l’American Film Institute à Lillian Gish en 1984. Elle la décrit non seulement comme une actrice extraordinaire, mais aussi comme une personne aimante, tolérante, curieuse et optimiste ; elle est pour Moreau « le symbole de la jeunesse éternelle ».

Pendant l’été 1983, après une longue préparation, la réalisatrice entreprend le tournage de ses entretiens avec Lillian Gish. « Dans la richesse de leur échange s'exprime la grande tendresse mêlée d'admiration que Jeanne porte à la vedette fétiche des films de Griffith. Elle capte sa jeunesse d'esprit à travers l'éclat d'un regard demeuré extrêmement clair. Curieuse et attentive, elle l'écoute, acquiesce, sourit, la questionne avec infiniment de chaleur et de respect, s'interroge sur le mystère de ce destin aussi exceptionnel... Et un peu comme si elle aussi s'étonnait du sien. Jeanne réussit à donner de Lillian Gish l'image à la fois douce, émouvante et pleine d'humour d'une femme pour laquelle tout souvenir est résolument vivant. » (Jean-Claude Moireau, Jeanne Moreau, l'insoumise, Flammarion)

Devaient suivre les portraits de Liz Taylor, Faye Dunaway, Meryl Streep, Jane Fonda et Jessica Lange, mais la société s’effondra après la mort de Klaus Hellwig et Lillian Gish demeurera l’unique réalisation de cette série documentaire.