Devenu roi de Bavière à l'âge de 19 ans, Louis II (Helmut Berger), héros romantique, entame son règne avec enthousiasme. Mais ses proches le déçoivent. Il se sent trahi par Richard Wagner (Trevor Howard) dont il est le protecteur, le mécène et, espère-t-il, l'ami, et sa cousine Elisabeth d'Autriche (Romy Schneider) lui refuse son amour. Subissant de surcroît des échecs politiques et militaires, Ludwig, seul dans ses palais fastueux, sombre dans la folie.
Dans ce dernier volet de ce qu’il appelle sa « trilogie allemande », Luchino Visconti reprend et approfondit le thème de la décadence : le déclin d'une aristocratie sous la coupe prussienne, la déchéance d'un homme fuyant la réalité à la recherche du rêve et de la beauté. « [Je tenais à réaliser Ludwig] pour maintes raisons. Il forme, avec Les Damnés et Mort à Venise, une sorte de trilogie sur l'Allemagne moderne : la transformation radicale d'une société qui succombe pour laisser la place à une nouvelle société, la désagrégation d'une grande famille, l'évolution psychologique d'un personnage, dans ce cas d'un personnage exceptionnellement complexe, totalement hors normes. […] Il aspirait à être une sorte de souverain de la Renaissance, un Laurent de Médicis moderne, mais il ne se rendait pas compte que le monde dans lequel il vivait était complètement différent de celui de la Renaissance italienne. » (Luchino Visconti in Visconti, Marianne Schneider et Lothar Schirmer, Actes Sud / Institut Lumière)
La tentation est grande de n’y voir qu'un film baroque, à l'image des châteaux délirants de Louis II de Bavière où le film a pu être tourné, mais Luchino Visconti s’attelle également à peindre subtilement la psychologie de ses personnages. L'attachement de Louis II à Richard Wagner, permettant au compositeur d'exprimer son génie et révélant l'homosexualité du souverain, son amitié avec sa cousine Elisabeth d'Autriche, personnage fascinant qui soutient les libéraux, et son mariage avorté avec Sophie de Bavière, révèlent un être dont la complexité justifie amplement la durée ― près de quatre heures ― de Ludwig.
Remonté à plusieurs reprises et existant sous plusieurs versions, le film connut une vie mouvementée, comme si l'extrême complexité de son héros empêchait qu'on le fige de façon définitive. Œuvre excessive par sa forme comme par sa durée, elle constitue une pièce maîtresse de la filmographie viscontienne.
Ludwig ou le crépuscule des dieux (Ludwig)
Italie, France, République fédérale d'Allemagne, 1973, 3h58, couleurs, format 2.35
Réalisation Luchino Visconti
Scénario Luchino Visconti, Enrico Medioli, Suso Cecchi D'Amico
Photo Armando Nannuzzi
Musique Franco Mannino, Orchestra dell'Accademia nazionale di Santa Cecilia, Jacques Offenbach, Richard Wagner, Robert Schumann
Montage Ruggero Mastroianni
Décors Mario Chiari, Mario Scisci
Costumes Piero Tosi
Production Ugo Santalucia, Mega Film, Cinétel, Dieter Geissler Filmproduktion, Divina-Film
Interprètes Helmut Berger (Louis II de Bavière), Romy Schneider (Elisabeth d'Autriche), Trevor Howard (Richard Wagner), Silvana Mangano (Cosima von Bülow), Gert Froebe (le père Hoffmann), Helmut Griem (Dürckeim), Izabella Telezynska (la reine mère), Umberto Orsini (le comte von Holnstein), John Moulder-Brown (Otto), Sonia Petrovna (la princesse Sofia d'Autriche)
Sortie en République fédérale d'Allemagne 18 janvier 1973
Sortie en Italie mars 1973
Sortie en France 15 mars 1973
Restauration 4K Studiocanal, La Cinémathèque Française et la Cineteca di Bologna en collaboration avec Compass Film et Ohonte Films, financée par Chanel et le CNC et réalisée à L'Image Retrouvée.
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