Jake (Asa Butterfield), 16 ans, vit en Floride. Réservé, il est très proche de son grand-père Abe (Terence Stamp), qui, depuis toujours, lui a transmis les récits extraordinaires de son séjour au pays de Galles, dans un orphelinat pour enfants particuliers dirigé par une certaine Miss Peregrine (Eva Green). Un jour, Abe appelle Jake, affolé. Le petit-fils découvre la maison de son grand-père vandalisée, et ce dernier agonisant, les yeux arrachés.
Il semble infiniment naturel que l’œuvre de Ransom Riggs, auteur de la série littéraire à succès Miss Peregrine et les enfants particuliers, ait croisé l’univers de Tim Burton. Et il n’est pas impossible que le romancier américain, né en 1979, ait été influencé dans sa création par le travail du cinéaste. Comme si l’un avait nourri l’autre et inversement.
Miss Peregrine et les enfants particuliers est un éloge de la différence : pour Tim Burton, « Jake ressemble beaucoup à l’adolescent que je me souviens avoir été, et qui se sentait si déconnecté du monde. C’est une impression qui tient de la solitude, de la tristesse, de l’idée de n’être nulle part à sa place. Un sentiment d’être différent, singulier. » (Le Monde, 5 octobre 2016) Si ces enfants sont considérés comme particuliers, ils ne sont jamais présentés comme extraordinaires : ils ne sont pas décrits comme des super-héros en devenir. L’important pour eux est d’être acceptés, ou, a minima, protégés d’un monde extérieur hostile. La boucle temporelle, piège habituel des films de SF, est ici le refuge de cette troupe menacée.
La quête initiatique de Jake l’emmène au pays de Galles, sur les traces de son grand-père. Alors qu’il se trouve à ce moment-clé où l’on quitte l’enfance pour l’âge adulte, il découvre que tout ce que racontait Abe était vrai : les monstres n’étaient pas seulement l’allégorie des nazis qui avaient envahi sa Pologne natale, mais aussi des bêtes atroces se nourrissant des yeux des enfants.
Miss Peregrine peut être considéré comme un film à grand spectacle, mais les effets spéciaux sont utilisés comme autant de possibilités de faire vivre ce monde fantastique, et ne masquent jamais la poésie mélancolique qui baigne le film, des intérieurs rassurants de l’orphelinat jusqu’à l’architecture décatie du pier de Blackpool.
Le casting de Tim Burton est exceptionnel, convoquant lady Judi Dench et Terence Stamp, mais aussi de jeunes comédiens. Une jeune fille légère comme une plume, une autre aux mains de feu, une enfant au visage d’ange qui porte à l’arrière du crâne une bouche vorace, un adolescent taciturne qui donne vie à ses marionnettes par la seule force de sa pensée : c’est sur eux que veillera Eva Green, formidable maîtresse du temps et oiseau protecteur, nouvel alter ego de Tim Burton.
« Bien plus que la philosophie quelque peu régressive du plaidoyer, c’est l’exubérance de l’imaginaire qui vite emporte l’adhésion du spectateur. Tim Burton invente ici un de ses bestiaires les plus fous, couvrant toutes les nuances, de la simple "doux-dinguerie" à la cruauté la plus impitoyable. […] Spirale de l’horreur autant que de l’émerveillement, que Burton, nouveau Méliès, derrière la technique sidérante, dose avec une maestria impressionnante. » (Christian Viviani, Positif n°669, novembre 2016)
Miss Peregrine et les enfants particuliers (Miss Peregrine's Home for Peculiar Children)
États-Unis, Belgique, Royaume-Uni, 2016, 2h07, couleurs
Réalisation Tim Burton
Scénario Jane Goldman, d’après le roman éponyme de Ransom Riggs
Photo Bruno Delbonnel
Effets visuels Frazer Churchill, Dinesh K. Bishnoi
Effets spéciaux Hayley J. Williams, James L. Roberts
Musique Mike Higham, Matthew Margeson
Montage Chris Lebenzon
Décors Gavin Bocquet
Costumes Colleen Atwood
Production Peter Chernin, Jenno Topping, Chernin Entertainment, Scope Pictures
Distributeur The Walt Disney Company France
Interprètes Eva Green (Miss Peregrine), Asa Butterfield (Jake), Samuel L. Jackson (Barron), Judi Dench (Miss Avocet), Rupert Everett (l'ornithologue), Allison Janney (le Dr. Golan), Chris O'Dowd (Frank), Terence Stamp (Abe), Ella Purnell (Emma), Finlay MacMillan (Enoch), Lauren McCrostie (Olive), Hayden Keeler-Stone (Horace), Georgia Pemberton (Fiona), Milo Parker (Hugh), Raffiella Chapman (Claire), Pixie Davies (Brownyn), Joseph et Thomas Odwell (les jumeaux), Cameron King (Millard), Louis Davison (Victor)
Sortie aux États-Unis 30 septembre 2016
Sortie en France 5 octobre 2016
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