My Dinner with Andre

Louis Malle

Wallace Shawn, surnommé Wally, 36 ans, est un New-Yorkais plutôt modeste. Ce soir-là, il dîne avec André Gregory, un ancien ami et metteur en scène, que personne n'a revu depuis des années. Les deux hommes se racontent leurs vies.

Lors de l’hiver 1980, Louis Malle enchaîne coup sur coup les tournages d’Atlantic City et de My Dinner with Andre. Wallace Shawn avait eu un petit rôle dans Atlantic City, avec seulement quelques répliques. Pendant le tournage, il parle à Louis Malle d’un scénario sur lequel il travaille, mais le cinéaste reste très sceptique quant à l’intérêt de porter ce projet à l’écran. Cependant, lorsqu’il reçoit le scénario terminé, il est tout de suite séduit et s’identifie aux deux personnages ; il rappelle Shawn et accepte de réaliser le film. Les répétitions avec les acteurs durent des mois, le scénario est longuement retravaillé, mais les financements difficiles à trouver. L’équipe tourne dans un immense hôtel fermé de Richmond, en Virginie, transformant la salle de bal en plateau de tournage et recréant un restaurant new-yorkais.

Avec une mise en scène minimale et très peu de musique, le film est entièrement centré sur la conversation entre les deux personnages. Cette dernière dure 90 minutes, seulement précédée par les déambulations de Wally dans New York et suivie de son trajet en taxi pour rentrer chez lui.

Film déconcertant et audacieux, My Dinner with Andre croise la fiction et l’autobiographie : le scénario est en effet la réécriture des véritables retrouvailles entre les deux acteurs. Le personnage de Wally rappelle ceux de Woody Allen, avec son phrasé new-yorkais et son sens de l’autodérision. Le film aura un grand succès dans les pays anglophones, devenant même culte aux États-Unis, où il reste près d’un an à l’affiche, mais ne trouvera pas son public en France.

« Louis Malle est un fin connaisseur du scandale. […] D’un autre côté, Louis Malle est un cinéaste de bon ton. […] Cette gestion des atouts fait de Mon dîner avec Andre une réussite provocante et presque vicieuse. Parce qu’on peut, autant qu’on veut, émettre des réserves sur ce film ; en réalité, il est irréprochable. Une fois admis le principe, on est forcé de tout accepter. » (Emmanuel Carrère, Télérama, mars 1983)